La souffrance des soignants menace la qualité des soins apportés aux patients, alerte l’Ordre des médecins britannique dans un nouveau rapport annuel. « Il existe un malaise dans la profession médicale en Grande-Bretagne qui risque d’affecter à la fois les patients et les médecins, s’inquiètent les Pr Terence Stephenson et Nial Dickson. Les raisons sont complexes et multifactorielles, et la plupart sont anciennes. Pourtant ces signaux de détresse sont indéniables »
Surmenage physique et psychologiques, conditions de travail qui se dégradent, journée de travail trop dense, conflits avec les patients… Outre Manche ou en France, le constat est le même, et malheureusement les conséquences aussi. Une enquête menée auprès de médecins français révélait que près de 50 % d’entre eux étaient en situation d’épuisement professionnel, aussi appelé burn-out, ou à haut risque de l’être. En Grande-Bretagne, ce sont près de 6 sur dix qui rapportent avoir éprouvé cette détresse.
Et malgré les signes précurseurs de ce mal être, bon nombre continuent à travailler et plongent dans le silence. Une exigence envers eux-mêmes qui fait le lit de la dépression et peut conduire à l’irréparable. De fait, cette profession est elle aussi touchée par des vagues de suicide : chaque année, une cinquantaine de médecins tentent de mettre fin à l’heure, soit 2,5 fois plus que dans la population générale.
Manque de reconnaissance
Un phénomène qui préoccupe les jeunes générations de praticiens, soulève le Conseil de l’ordre britannique. L’organisation estime ainsi qu’elle doit jouer un rôle crucial pour rassurer les futurs médecins qui crient leur colère et frustration dans les rues de Londres depuis des mois. Il est donc important que la profession soit soutenue, accompagnée et surtout reconnue. Une meilleure reconnaissance qui passe par la réforme des études médicales, indique l'Ordre.
Du côté français, on souligne l’importance d’aider les médecins en détresse. Une aide qui ne peut être délivré seulement si le médecin se confie. Des lignes d’écoute, des structures spécifiques comme l’association MOTS (Médecins-Organisations-Travail-Santé) ont été créées pour accompagner les professionnels. Car, les médecins se disent prêts à demander de l’aide et à être accueilli dans des centres si ceux-ci leur sont dédiés.