Frappés par une grave crise économique depuis 2007, comment se portent les habitants du Vieux Continent ? C'est la question à laquelle répond un nouveau rapport de l'Enquête sociale européenne (1) publié il y a quelques jours.
Il conclut qu'un nombre considérable d'Européens souffrent physiquement et mentalement. En partie à cause de leur situation économique et sociale. Mais les auteurs de ces travaux ont également découvert que la seule promotion d'un mode de vie sain ne suffit pas à réduire les problèmes de santé.
Selon eux, celle-ci « doit être accompagnée d'une politique de redistribution des revenus et d'une amélioration des conditions de travail physique pour avoir un impact sur la santé ». En attendant que ces politiques bénéficient aux Européens, voici les maladies physiques et mentales qui touchent le plus les Français et leurs voisins.
20 % des Hongrois dépressifs
Les symptômes de la dépression sont parmi les plus fréquents. En Europe, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d'en souffrir. Avec des disparités importantes selon les pays. Le plus fort écart est constaté au Portugal (30,9 % de femmes contre 15,8 % d'hommes).
Dans quatre pays, plus d’un quart des femmes ont déclaré souffrir de symptômes de dépression : au Portugal, en République tchèque, en Hongrie et en Pologne. C'est uniquement en Hongrie que plus de 20 % des hommes ont déclaré en souffrir aussi. Les maux de têtes sont aussi fréquemment rapportés. Les Françaises sont les plus touchées (30,2 %) et les Irlandais sont les plus épargnés (3,8 %).
Les Suédois fument peu
Pour ce qui est des taux de tabagisme actuels, il existe une disparité importante entre les sexes. Avec dans 13 pays sur 21, des hommes qui fument plus que les femmes. C'est en Lituanie (48,8 %) et en Hongrie (41,3 %) que les hommes sont les plus gros fumeurs.
Des résultats logiques lorsqu'on sait que le rapport démontre que les taux de tabagisme rapportés sont beaucoup plus bas en Europe du Nord, au Royaume-Uni et en Irlande et considérablement plus élevés chez les hommes en Europe centrale ou en Europe de l'Est. En regroupant les taux de tabagisme des hommes et des femmes, on apprend que la Suède est le pays qui compte le moins de fumeurs avec un taux inférieur à 15 %.
Les Helvètes restent sveltes
Enfin, dans les 21 pays européens, les hommes sont également plus susceptibles que les femmes d’être en surpoids : les taux les plus élevés sont 67,4 % en République tchèque, 63,8 % en Hongrie et 61,2 % en Slovénie. Les taux les plus bas de personnes en surpoids ou obèses sont observés en Suisse (29,9 %), au Danemark et en Autriche (38,9 %).
Face à toutes ces données, les chercheurs sont plutôt pessimistes. Ils rappellent en effet que parmi les femmes en Finlande, en France et en Allemagne, environ 90 % déclarent avoir souffert d'au moins une maladie chronique au cours de l'année précédente, « ce qui signifie que seule une petite minorité n'a pas souffert d'une maladie chronique », concluent-ils.
L'alcool est une histoire irlandaise
Les taux de binge drinking (alcoolisation express) sont particulièrement élevés au Royaume-Uni et au Portugal. A l'inverse, ce phénomène est rare dans les pays nordiques et parmi les femmes d'Europe centrale ou d'Europe de l'Est. La France fait par exemple partie des pays où il est le moins fréquent dans la semaine, puisqu'il concerne à peine 0,9 % de nos concitoyennes.
Pour ce qui est de la quantité d'alcool consommée dans les 21 pays, les hommes consomment presque deux fois plus d'unités que les femmes. La consommation pendant le week-end est, quant à elle, presque deux fois supérieure à la consommation pendant la semaine.
Le nombre d'unités d'alcool consommées est particulièrement élevé en Irlande, tandis que l'on constate des taux bas de consommation d'alcool fréquente en Europe centrale et en Europe de l'Est (en particulier chez les femmes). A contrario, les hommes français sont parmi les plus susceptibles de boire au moins un verre d'alcool par semaine (41,7 %).
(1) Le rapport « ESS Topline Results Series issue 6 : Social Inequalities in Health and their Determinants » (ESS Topline Results Series numéro 6 : les inégalités sociales en matière de santé et leurs facteurs déterminants) repose sur plus de 40 000 réponses à l'enquête recueillies en Europe en 2014/2015.