Alors que certaines personnes utilisent la vitamine E pour prévenir les infections pulmonaires, cette substance pourrait avoir l’effet inverse. Une étude publiée dans le British Journal of Nutrition révèle en effet qu’un senior fumeur et sédentaire sur 4 voit son risque de pneumonie augmenter à cause de cette molécule.
La vitamine E est une substance mystérieuse. Encore aujourd’hui, les scientifiques ne savent pas totalement expliquer ses fonctions dans l’organisme. Du fait de ses propriétés anti-oxydantes, elle est indiquée dans la prévention des maladies cardiovasculaires, les cancers ou les infections. Mais cette molécule est à utiliser avec une grande précaution. De nombreux travaux ont effet montré qu’elle augmentait le risque de cancer de la prostate chez les hommes en bonne santé, et du cancer du poumon chez les fumeurs. La supplémentation en vitamine E pourrait également accroitre le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Face à ces conséquences graves, les chercheurs de l’université d’Helsinki (Finlande) ont voulu évaluer les effets nocifs de la vitamine E lorsqu’elle est utilisée en prévention de la pneumonie. Les scientifiques expliquent en effet que de nombreux patients se supplémentent pour booster leur système immunitaire.
Effet protecteur chez les non-fumeurs
L’équipe a alors étudié près de 30 000 hommes âgés de 50 à 69 ans pendant 8 ans. Au cours de cette période, 898 cas de pneumonie ont été rapportés. En examinant les prises médicamenteuses des malades, les chercheurs ont alors noté que la vitamine E a augmenté de 68 % le risque de pneumonie chez les hommes fumeurs pratiquant peu d’activité physique. A l’inverse, la molécule a réduit de 69 % le risque de pneumonie chez les seniors les moins exposés au tabagisme et les plus actifs.
Pour les auteurs, ces résultats confirment que les effets de la vitamine E ne sont pas homogènes chez les patients et qu’elle peut s’avérer dangereuse pour certains d’entre eux. De ce fait, ils estiment qu’il ne faut plus recommander une supplémentation en vitamine E « à la population générale » mais plutôt la prescrire en fonction des profils des patients. Mais il vaut mieux que celle-ci soit pris sur un temps court et seule. Des études ont notamment suggéré de ne pas les associer avec des compléments alimentaires au gingko, au sélénium à l’ail.
Il faut toutefois rappeler que les carences en vitamine E sont très rares car l’alimentation, notamment la consommation d’huiles végétales, de poissons ou de légumes à feuilles vertes, l’apporte en quantité suffisante. L’Autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) a établi que les apports adéquats s'élèvent à 13 mg par jour pour les hommes et à 11 mg par jour pour les femmes. En revanche, les femmes enceintes sont invitées à réduire leurs apports car la vitamine E peut engendrer des malformations congénitales. Pour les nourrissons et les enfants, les apports recommandés sont compris entre 5 et 13 mg par jour.