Le 11 mars 2011, à 14h46, les côtes japonaises sont frappées par un violent tsunami généré par un séisme de magnitude 9. Les vagues de 10 mètres de haut emportent tout sur leur passage et inondent la centrale nucléaire de Fukushima. La catastrophe fait 15 893 morts, 2 565 disparus et des milliers de déplacés. Cinq ans plus tard, les ravages ont encore des répercussions sur les populations, notamment les plus âgées, révèle une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences journal (PNAS).
Les seniors isolés et déracinés sont, en effet, plus à risque de souffrir de démence que ceux qui ont pu rester dans leur maison. « Au lendemain de la catastrophe, la plupart des scientifiques se sont penchés sur les conséquences psychologiques comme le stress post-traumatique, relève Hiroyuki Hikichi chercheur à l’école de médecine Harvard Chan, et auteur principal des travaux. Mais notre étude suggère que le déclin cognitif est une conséquence importante. Il apparaît que le placement temporaire dans un abri a eu des effets inattendus sur les personnes obligées de quitter leur maison mais également leurs voisins. Cela a accéléré le déclin cognitif chez les personnes vulnérables ».
Pour mettre en lumière cette conséquence, les chercheurs américains ont collaboré avec leurs homologues japonais qui avaient lancé une étude auprès de personnes âgées 7 mois avant le tsunami. Ces seniors vivaient à Iwanuma à 80 km de l’épicentre du tremblement de terre. Près de la moitié de la région a dû être évacuée. Ils ont accepté deux ans et demi après la catastrophe de participer à l’étude nippo-américaine.
Un sur 10 est touché par la démence
Parmi les 3 566 survivants âgés de 65 ans ou plus, près de 4 sur 10 ont perdu des membres de leur famille ou des proches, et près de 6 sur 10 ont vu leur maison détruite par les vagues. Avant la catastrophe, seulement 4,1 % des participants présentaient des symptômes de démence contre 11,5 % des années après. La prévalence d’accident vasculaire cérébral, deuxième cause de démence, est passée de 2,8 % à 6,5 %. De même l’hypertension artérielle touche plus de 57 % des volontaires contre 54 % avant la catastrophe.
D’après l’analyse des chercheurs, les seniors placés dans des abris sont ceux qui présentent le déclin cognitif le plus important. Et plus leurs maisons ont subi des dommages importants, plus ces conséquences étaient sévères. En revanche, les personnes âgées qui ont perdu des proches ne présentent pas d’impact négatif sur leurs capacités intellectuelles.
Pour les chercheurs, les seniors ont été les plus touchées car ils sont restés sur place, proche des stigmates de l’événement. Alors que leurs enfants, ou jeunes voisins, ont pu reconstruire leur vie ailleurs.