L'amendement choc de la députée socialiste Annie Le Houérou pour lutter contre les déserts médicaux est retoqué. Les députés de l'Assemblée nationale ont voté cette nuit contre le conventionnement sélectif des médecins libéraux dans les zones surdotées lors de l'examen du Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2017.
On apprend dans Le Quotidien du Médecin, que l'amendement soutenu par une soixantaine de parlementaires de tous bords, qui avait été adopté en commission des affaires sociales, contre l'avis des médecins, a finalement été rejeté lors d'un vote à main levée peu après 1 h 30 du matin.
Marisol Touraine contre le conventionnement sélectif
Il faut dire que la ministre de la santé, en personne, s'était prononcée contre : « Le Gouvernement s’opposera à cet amendement. Parce qu’il vient rompre la dynamique incitative qui commence à porter ses fruits. Mais aussi et surtout, parce qu’il risque de pousser des praticiens à choisir la voie du déconventionnement », avait affirmé Marisol Touraine. Les syndicats médicaux comme le Conseil National de l'Ordre des Médecins (CNOM) dénonçaient de leur côté une initiative prise sans concertation et surtout inefficace.
Enfin, les jeunes médecins et futurs praticiens de l'ISNI, l'ISNCCA, l'ISNAR-IMG et le SNJMG étaient même prêts à déposer un préavis de grève nationale totale et illimitée. Une action abandonnée depuis, puisqu'ils ont obtenu gain de cause.
Faire découvrir l'exercice rural
Contacté par Pourquoidocteur, Stéphane Bouxom, porte-parole de l’ISNAR-IMG, n'hésitait pas à défendre un autre modèle. Celui mis en place dans l'Aveyron depuis 2006. « Pour pouvoir faire des stages en médecine générale, il faut des médecins généralistes qui nous accueillent. Or aujourd'hui en France, il ne sont que 7 % à accueillir des stagiaires. L'Aveyron s'est lancé dans une campagne de recrutement de maîtres de stage universitaires (MSU). Mais en plus de cela, ils ont développé une politique globale d'attrait et d'accueil des internes. Notamment en créant des internats ruraux qui leur permettent de nous loger plus facilement, ou en invitant les stagiaires à des évènements en lien direct avec le territoire (manifestations culturelles, rencontres avec les habitants, etc.) ».
Et le dispositif donne des résultats, puisque depuis 2013, l’Aveyron connaît un nombre grandissant d’installations. Entre 2013 et 2016, elles ont augmenté de 11 % chaque année. Dans le département, elles seraient même aujourd’hui largement plus nombreuses que les départs.
(1) L’ISNAR-IMG, l’ISNI, l’ANEMF, le SNJMG, l’ISNCCA, ReAGJIR