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QUESTION D'ACTU

A l'hôpital Saint-Louis (Paris)

Movember : visite guidée d'une prostate géante

ENTRETIEN - Une prostate géante dans la cour de l'hôpital Saint-Louis (Paris). L'image est saisissante, à dessein. La structure gonflable a pour but de sensibiliser les hommes.

Movember : visite guidée d'une prostate géante Photo ©Michael Moore (TDR)




Entrée par la vessie, sortie par l'urètre. La visite guidée qu'a proposé l'hôpital Saint-Louis (Paris), ce 3 novembre, est pour le moins originale. Le Pr François Desgrandchamps, chef du service d’urologie et de transplantation, a accompagné ses visiteurs au cœur d’une prostate géante. Cette structure gonflable de 4 mètres de haut sur 7 de long a été dessinée par le décorateur d’intérieur Philippe Starck. A présent dégonflée, la glande démesurée va parcourir le reste de la France. Le calendrier ne doit rien au hasard.
L’opération éphémère se déroule en plein Movember, un mois durant lequel les hommes sont invités à cultiver une moustache pour sensibiliser à la santé des hommes. Une inauguration en grande pompe pour l’hôpital Saint-Louis. Pourquoidocteur en a profité pour interroger le Pr Desgrandchamps.

Pourquoi avez-vous installé cette prostate géante ?

Pr François Desgrandchamps : Il faut dédramatiser la situation et redonner du glamour à la prostate. La prostate gonflable est couleur pastèque, et co-signée par Philippe Starck, qui donne un peu d’amour à un organe qui n’en reçoit pas beaucoup. La prostate géante est là pour sensibiliser le grand public aux maladies de la prostate. Dans le cadre de Movember, je souhaite faire passer deux messages : ne pas avoir peur de voir son médecin pour les problèmes de la prostate, et savoir que des solutions simples existent comme des traitements médicamenteux ou une meilleure prise en charge générale…

L’immense majorité des hommes est réticente parce qu’ils ont peur de reconnaître leurs symptômes, qui ne donnent pas une belle image. Ils sont encore tabous, synonyme de perte de virilité, de perte de confiance en soi. C’est souvent l’épouse qui demande de consulter alors que presque tous les hommes de 50 ans ont des problèmes urinaires.

Comment se déroule la visite ?

Pr François Desgrandchamps : On suit le trajet de l’urine. On commence dans la vessie et pour sortir vers l’urètre, il faut passer au milieu la prostate, qui est creuse. Le système peut être trop gonflé. On voit dans ces cas-là que l’urine a du mal à passer. Le jet est faible et la vessie s’abîme, ce qui donne des envies fréquentes d’uriner la nuit. La partie interne peut gonfler avec l’âge; c’est un adénome et il est bénin. Neuf malades sur dix peuvent être guéris par des médicaments.

La deuxième partie de la visite s’effectue à la sortie de l’urètre. On tourne à droite et on observe la face externe, le siège principal des cancers de la prostate. Une petite structure gonflable représente ce cancer. On voit immédiatement qu'il est très proche des nerfs de l’érection, ce qui explique les risques de séquelles que sont l’impuissance et le risque de l’incontinence. C’est là qu’on explique aux patients qu’on ne réserve les traitements qu’aux cancers les plus graves. Un malade sur deux n’a pas besoin de traitement.

Quelles sont les réactions des visiteurs ?

Pr François Desgrandchamps : Elles sont excellentes. D’abord, il y a plus de femmes que d’hommes, ce qui est drôle. On commence à présenter le fonctionnement normal d’une prostate, ce qui est très peu connu. C’est une sorte d’éducation sexuelle qui rencontre beaucoup d’intérêt. On dédramatise le sujet ce qui fait que les femmes repartent en affirmant qu’elles en parleront à leur homme. On reçoit aussi des confidences personnelles, on fait des consultations au pied levé.

Quelles retombées attendez-vous ?

Pr François Desgrandchamps : Que la prostate retrouve des couleurs, qu’on n’aie plus peur d’en parler. L'objectif est que ce ne soit plus honteux, voire un jour glamour.

Retrouvez l'émission L'invité santé de Pourquoidocteur avec
le Pr François Desgrandchamps, hôpital Saint-Louis à Paris,
diffusée le 24 mars 2016

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