Ils se sont donnés rendez-vous dans trois points névralgiques de la capitale. Le but: faire une démonstration de force pour marquer leur opposition au mariage gay. Les organisateurs espèrent 300 000 manifestants pour battre le record du 17 novembre dernier où 200 000 opposants s'étaient fait entendre. Durant toute cette semaine, le gouvernement a tenté de désamorcer cette mobilisation massive en faisant retirer l'amendement PMA du projet de loi. Même le Premier Ministre Jean-Marc Ayrault y est allé de son tweet.« La PMA méritait un débat en tant que tel, c'est pourquoi elle figurera dans le projet de loi famille » qui sera discuté en mars prochain. Mais cette dernière tentative n'aura pas réussi à masquer les maladresses des ministres ces dernières semaines et la valse hésitation du Président de la République. De manière maladroite le pouvoir n'aurait-il pas lui même attisé les braises de la protestation. Car si la rue se fait entendre aujourd'hui, les Français sont beaucoup plus mesurés. Les sondages l'attestent, ils sont majoritairement favorables (57%) au mariage de couples homosexuels.
C'est la question de la filiation qui divise avec une progression parmi les opposants. Selon le sondage Opinion Way/Figaro-LCI, 55% des Français seraient aujourd'hui contre l'ouverture de l'adoption aux couples homosexuels. Ils étaient 44% en mai 2012. « La forte progression d'opinions favorables à l'ouverture de l'adoption entre 2008 et 2012 n'a pas résisté aux récents débats », explique Bruno Jeanbart, directeur d'études politiques d'Opinion Way.
La rupture est encore plus forte pour la PMA. 63% des Français sont opposés à la procréation médicalement assistée pour les couples homos. Si l'on se réfère à un sondage réalisé en octobre pour le Nouvel Observateur, le nombre d'opposants à la PMA a progressé de 14%. « Des voix se sont élevées à gauche pour exprimer des réticences sur l'ouverture de la PMA au couples homos. Ces doutes ont pu influencer une partie de l'électorat de gauche qui juge peut-être plus prudent, à l'instar du gouvernement d'avancer plus lentement sur ce projet de loi », affirme Bruno Jeanbart, .
François Hollande a rappelé cette semaine qu'il ne laissera pas la rue décider. Mais lui qui rêvait d'une société apaisée après l'ère Sarkozy se retrouve avec une opposition galvanisée et une gauche écartelée sur cette question. La gauche, jusque-là créditée d'un capital confiance sur les grandes questions de société, est confrontée à ses propres divisions.