Quelques kilos qui s’accumulent à la quarantaine, d’autres à la cinquantaine… La prise de poids est fréquente avec les années. Mais elle n’est pas sans risque. Une équipe de Manchester (Royaume-Uni) le rappelle à l’occasion du Congrès des Instituts nationaux de recherche sur le cancer qui se tient à Liverpool (Royaume-Uni) du 6 au 9 novembre. Plusieurs formes de cancer sont associées à l’obésité. Les hommes et femmes dont la surcharge pondérale progresse au fil des ans sont plus exposés que ceux dont le poids reste stable.
Les auteurs de cette présentation ont suivi 300 000 Américains sur 15 ans en moyenne. La plupart d’entre eux ont connu une prise de poids modérée qui les a fait passer de la catégorie « poids normal » à celle « en surpoids ». Au cours de l’étude, 9 400 cancers se sont déclarés chez les femmes, 5 500 chez les hommes qui ont participé. Ces derniers sont particulièrement à risque lorsque les kilos s’empilent sur la balance.
Une bombe à retardement
Lorsque l’IMC* varie de 22 à 27 au cours de la vie, la probabilité de développer un cancer augmente de 50 % chez les participants du sexe masculin. Ceux qui étaient déjà en surpoids sont les plus touchés : s’ils passent dans la catégorie « obésité morbide » (IMC >35), ils sont 53 % plus à risque de cancer lié à leur condition.
Etonnamment, les femmes sont moins affectées par le phénomène. Lorsque leur IMC évolue défavorablement, passant de 23 à 32, le surrisque de tumeur est de 17 %. Une différence que les chercheurs n’expliquent pas.
Ces travaux ne sont pas les premiers à illustrer l’impact de la prise de poids au fil des ans. Mais le message a visiblement du mal à passer dans la pratique quotidienne. « La prise de poids sur l’ensemble de la vie est importante pour fournir une idée claire du risque de cancer par rapport à quelqu’un dont l’IMC est stable », estime le Dr Hannah Lennon. S’y intéresser permettrait d’identifier les populations les plus à risque et développer des stratégies adaptées.
Car l’urgence est réelle au vu de l’épidémie d’obésité actuelle. 2,5 milliards de personnes sont en surcharge pondérale, et ce nombre devrait augmenter dans les années à venir. Une véritable bombe à retardement pour la santé publique : 10 formes de cancers sont associées à l’obésité, dont celui du sein ou du côlon. Rien qu’en France, 2 300 décès ont été provoqués par l’excès de poids depuis 2000.
* L'indice de masse corporelle, IMC, se calcule en divisant le poids (en kg) élevé au carré par la taille (en cm).
Cancer du pancréas : 3e cause de décès en 2017
Plus de deux milliards de personnes présentent un excès de poids dans le monde. Les pathologies associées sont nombreuses. L’une d’entre elles est en plein boom : le cancer du pancréas. La dynamique est telle qu’en 2017, il provoquera plus de décès que le cancer du sein. Une étude présentée au congrès de United European Gastroenterology, qui se tenait à Barcelone (Espagne) du 28 octobre au 1er novembre, augure mal. L’an prochain, 91 500 décès sont causés par le cancer du pancréas. Il sera donc la troisième cause de mortalité dans cette catégorie après le poumon et le côlon-rectum. Son très mauvais pronostic entre sans doute en ligne de compte : 5 ans après le diagnostic, seuls 5 % des patients sont encore en vie.
Evolution de la mortalité par cancer du pancréas en Europe d'ici 2025 (Source : UEG Week 2016)
Consultez notre ouvrage vidéo numérique,
seule une création de compte est requise pour y accéder.