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Anxiété

Les hypocondriaques mettent leur coeur à rude épreuve

Par Anne-Laure Lebrun

Les personnes souffrant d'hypocondrie ont 73 % plus de risque de développer des maladies cardiovasculaires en raison de l'anxiété générée.

megaflopp/epictura

Un Français sur dix pense avoir souffert d’un cancer, une phlébite ou un ulcère une fois dans sa vie, et ce sans présenter de symptômes. A chaque douleur, une maladie, voire une mort imminente dans d’atroces souffrances. Des inquiétudes qui ne disparaissent pas malgré les visites à répétition chez le médecin. L’hypocondriaque a tellement peur de tomber malade que son cœur pourrait flancher, suggère une étude publiée dans le British Medical Journal. L’angoisse de l’hypocondrie serait telle que « ces malades imaginaires » seraient à risque de pathologies cardiaques.

Pour aboutir à cette conclusion, les chercheurs de l’université de Bergen (Norvège) ont examiné les données de santé de plus de 7 000 personnes nées entre 1953 et 1957. Aux alentours de leur 43e anniversaire, ces participants ont été suivis pendant 12 ans. Au cours de l’étude, ils ont rempli deux questionnaires sur leur mode de vie et leur état de santé. Ils ont également subi des examens médicaux et psychologiques, ainsi que des prélèvements sanguins.


Une vraie maladie

Au terme de ce suivi, 710 volontaires ont été jugés comme hypocondriaques. Par ailleurs, 234 personnes ont été victimes d’une crise cardiaque ou souffert d’une angine de poitrine. Des pathologies qui ont été diagnostiquées deux fois plus souvent dans le groupe des hypocondriaques que chez les autres participants.

Les chercheurs indiquent que les personnes souffrant de cette obsession ont 73 % plus de risque que les autres de développer des maladies cardiovasculaires. Et plus l’hypocondrie est importante, plus ce risque est élevé.

Les scientifiques soulignent que cette étude est uniquement observationnelle. Ainsi, aucun lien de cause à effet ne peut être conclu. Néanmoins, ces résultats réaffirment les effets néfastes de l’anxiété sur l’organisme.
« Cette étude illustre le dilemme auquel sont confrontés les médecins, relève les auteurs. Ils doivent rassurer leurs patients que leurs symptômes liés à l’anxiété sont sans danger, alors que la littérature scientifique met en évidence les conséquences sur le long-terme des troubles anxieux ».
Ils concluent alors que l’hypocondrie devrait être diagnostiquée et bénéficier d’un traitement comme les thérapies cognitivo-comportementales ou un suivi psychiatrique pour les formes les plus sévères. Les hypocondriaques ne sont donc pas des malades imaginaires.