Quelques jours après l’avis de la commission de transparence de la HAS (Haute Autorité de Santé) préconisant un déremboursement des médicaments contre la maladie d’Alzheimer, les médecins libéraux montent au créneau. Les trois syndicats signataires de la convention médicale, MG France, la FMF et le Bloc, « prennent aujourd’hui leurs responsabilités en recommandant aux médecins de cesser complètement la prescription de ces médicaments », peut-on lire dans un communiqué.
En effet, la commission de transparence a jugé que la balance bénéfice-risques de quatre médicaments (l'Ebixa, l'Aricept, l'Exelon et le Reminyl) ne permettait pas de continuer la prise en charge par la collectivité. Alors que les preuves d’efficacité de ces molécules manquent, les études pointant une toxicité, notamment sur le plan cardiovasculaire, elles, s’accumulent.
Responsables
« Plus de dix ans ont été nécessaires pour que les autorités sanitaires françaises se décident au retrait du Mediator, dont la dangerosité et l’inefficacité étaient prouvées. Combien d’années seront nécessaires pour que l’inutilité et les effets secondaires des médicaments de la maladie d’Alzheimer, confirmés il y a quelques jours par la Haute Autorité de Santé, aboutissent à leur retrait ? », s’interrogent les syndicats, qui mettent le doigt sur une responsabilité plurielle.
« En cas de plainte d’une famille, les responsables politiques et sanitaires seront mis en cause. Les prescripteurs, informés des risques, et qui continueraient à prescrire, pourraient l’être aussi ».
La FMF milite déjà activement depuis cinq ans pour une moindre utilisation de ces médicaments et pour un transfert des sommes dépensées dans ces médicaments vers d’autres postes de dépenses – accompagnement des malades et de leurs aidants, thérapies non-médicamenteuses…
« Leur parcours de soins doit être fondé sur une prise en charge médicale et sociale, et non sur la prescription d’un médicament. La dépense évitée par la non prescription de traitements inutiles et dangereux peut être plus efficacement consacrée à l’accompagnement des malades et à l’aide aux aidants, en facilitant notamment le maintien à domicile par des « solutions de répit », lit-on encore.
Electoralisme
Les syndicats dénoncent ainsi la position du ministère de la Santé, qui a décidé de ne pas suivre, dans l’immédiat, les recommandations de la commission de transparence de la HAS. En effet, Marisol Touraine a précisé qu’avant d’envisager un déremboursement, un protocole devait être mis en place. La question est reléguée à une date ultérieure – et, très probablement, à un autre gouvernement.