Dépisté à temps, un cancer colorectal se guérit dans 90 % des cas. Ce message, la majorité des Français l’a déjà entendu. Mais face à un risque de cancer, les spots les plus convaincants voient leur impact se réduire.
Car la maladie fait encore peur, malgré les progrès effectués. Pour preuve : le dernier sondage réalisé par l’University College de Londres (Royaume-Uni). Réalisé auprès de 2 000 Britanniques, il a été présenté au Congrès des Instituts nationaux de recherche sur le cancer qui se tient à Liverpool (Royaume-Uni) du 6 au 9 novembre. L’objectif, comprendre pourquoi certains patients retardent leur rendez-vous fatidique chez le médecin. 62 % des sondés expriment une inquiétude à ce sujet.
La peur du traitement
Les Britanniques ont peur du cancer. Plus spécifiquement, ils s’alarment de l’impact potentiel du diagnostic sur leur bien-être mental. Une peur qui peut paralyser, comme l’explique Charlotte Vrinten, qui co-dirige cette étude. « Chacun réagit différemment face à l’inquiétude, souligne-t-elle. Certains sont incités à voir leur médecin, d’autres s’en éloignent. » Une étude, parue en 2005, confirme les effets délétères de ces tracasseries.
Les raisons de cette crainte sont multiples. Si les sondés sont nombreux à percevoir le décès comme une source d’angoisse, ça n’est pas le seul motif. La moitié d’entre eux exprime également des réserves quant aux traitements anticancéreux – radiothérapie, chimiothérapie, chirurgie… Il faut dire que les effets secondaires sont parfois lourds. L’impact social de la maladie, en revanche, n’alarme pas vraiment : seuls 25 % des personnes interrogées se disent inquiètes.
Un impact sur la survie
« Nous devons maintenant découvrir pourquoi l’inquiétude motive les gens, de manière à ce que nous puissions apaiser les craintes de ceux qui évitent de voir leur médecin, car ces peurs injustifiées peuvent leur coûter la vie », estime Charlotte Vrinten.
De fait, le retard diagnostique réduit considérablement le pronostic. Dans le cancer du sein, par exemple, 90 % des traitements aboutissent à une guérison s’il est repéré à un stade précoce. Les chances de survie sont moindres lorsque la tumeur est à un stade avancé.
La compréhension du phénomène gagne en clarté, au vu de ce sondage : les femmes et les jeunes adultes s’inquiètent plus du cancer en général. A ces réserves, les chercheurs rappellent la forte efficacité des traitements et la lutte constante contre les effets secondaires. Les minorités ethniques, elles, expriment davantage de craintes quant aux conséquences sociales du diagnostic. Sur ce plan, les progrès sont constants. Le dernier en date : un droit à l’oubli pour les personnes dont le cancer a été guéri durablement. Autant de bonnes raisons pour consulter un médecin.