Trump, Clinton ? Alors que les citoyens américains se pressent pour glisser leur bulletin dans l’urne présidentielle, le monde retient son souffle. Le secteur de la santé, quant à lui, se demande à quelle sauce il sera cuisiné au lendemain de l’investiture du nouveau président des Etats-Unis, le 20 janvier 2017.
L’enjeu est énorme puisqu’il s’agit de maintenir ou d’abroger, selon le candidat élu, la réforme du système de santé déployée en 2010 par Barack Obama, plus connue sous le nom de « Obamacare ». Politiquement, les candidats jouent aux équilibristes : seule une très courte majorité d’Américains plébiscite cette mesure qui a permis d’offrir une couverture médicale à 20 millions de personnes supplémentaires. On trouve ainsi des opposants dans les deux camps, démocrates comme républicains.
Défendre le « Affordable Care Act », de son vrai nom, n’est donc pas une mince affaire. Hillary Clinton s’y emploie pourtant, elle qui a promis de maintenir le système en place, d’en gommer les effets négatifs (l’augmentation des taxes) et surtout, d’étendre la couverture médicale à d’autres personnes qui ne sont actuellement pas assurées – en 2015, environ 13 % de la population n’était toujours pas couverte.
La "public option"
La candidate démocrate souhaite ainsi mettre en place un crédit d’impôt pour compenser la hausse des dépenses pour les ménages induites par la réforme. Par ailleurs, pour renforcer l’adhésion des ménages à plus hauts revenus à ce système, Hillary Clinton veut permettre « l’achat » (buy-in) d’une assurance publique Medicare à partir de 55 ans, directement auprès du gouvernement fédéral (public option). Enfin, elle souhaite augmenter les investissements à destination des établissements publics de santé.
Tout cela aura un coût : selon les experts américains, la mesure pourrait creuser le déficit de 90 milliards de dollars, même si les estimations restent aléatoires et les fourchettes, très larges. Hillary Clinton compte limiter cet impact économique en réduisant le poste de dépenses des médicaments, et notamment en jouant sur leur prix.
Négocier et punir
Car outre-Atlantique, la problématique des médicaments innovants est particulièrement intense, puisque l’Etat ne négocie pas le prix des thérapies. Les industriels fixent donc librement leurs tarifs et l’on se retrouve avec des molécules qui défrayent la chronique pour leur prix exorbitant, tel le Glivec de Novartis, passé de 32 000 dollars par an en 2011 à 118 000 dollars en 2015.
Clinton veut modifier ce système intenable à long terme, en permettant, notamment, d’importer des médicaments dans les pays où ils sont commercialisés à un prix inférieur. Elle souhaite également permettre aux autorités sanitaires fédérales de négocier les prix, ou encore autoriser la distribution de sanctions financières envers les laboratoires trop gourmands.
Sur ce point, et peut-être sur celui-ci uniquement, les deux candidats s’accordent. Donald Trump a aussi l’ambition de réduire le prix des médicaments – il vise même une diminution de 70 % de ce prix, grâce à des négociations entreprises avec les laboratoires.
Abroger Obamacare
En revanche, sur l’Assurance maladie américaine, les avis restent irréconciliables. Le candidat des Républicains souhaite abroger la réforme « Obamacare » et la remplacer par un autre système aux contours encore flous, fondé sur des comptes d'épargne médicale privés, non imposables.
Par ailleurs, Donald Trump veut autoriser les assureurs à vendre des services dans plusieurs Etats, ce qui, selon lui, permettrait de réduire le prix de ces services – un point que les économistes américains remettent en cause. Le candidat ne précise pas ce qu’il ferait des 20 millions de personnes qui perdront leur couverture médicale.