La chicha rend l’air des maisons irrespirable. A en croire une étude présentée dans la revue Tobacco control, le narguilé génère beaucoup plus de monoxyde de carbone et émet deux fois plus de particules fines de 2,5 microns ou moins - capables de se loger dans les ramifications les plus profondes des poumons - que la cigarette.
Ces résultats inquiétants ont été obtenus après l’analyse de la qualité de l’air de 33 maisons à Dubaï (Emirats arabe unis). Les chercheurs de l’université de New York en collaboration avec l’université d’Abu Dhabi ont mesuré les niveaux de pollution dans 11 maisons où seule la chicha est utilisée, 12 maisons fumeuses de cigarettes et 10 maisons non fumeuses.
Les relevés réalisés dans les pièces dédiées au tabagisme et les salles adjacentes mettent en évidence que le narguilé est le plus nocif. Dans les foyers adeptes de la chicha, les taux de PM2,5 étaient de 489 microgrammes/m3 dans les pièces où il était utilisé, et de 211 microgrammes/m3 dans les pièces adjacentes. Dans les maisons où seule la cigarette était utilisée, ces taux de particules fines ne dépassaient pas 201 microgrammes/m3.
Et du côté du monoxyde de carbone, la concentration était 4 fois plus importante avec la chicha qu’avec la cigarette (11 ppm contre 2,3). Alors que dans les foyers non fumeurs, la concentration de monoxyde de carbone avoisinait les 1,5 ppm tandis que les taux de particules fines atteignait en moyenne 93 microgrammes/ m3.
Danger du tabagisme passif
Des taux dépassant de loin les valeurs limites fixées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’agence recommande en effet de ne pas dépasser 87 ppm de monoxyde de carbone pendant 15 minutes, ou 9 ppm pendant 8 heures. Pour les particules en suspension dans l’air de 2,5 microns, elle préconise de limiter l’exposition à 25 microgrammes/ m3 plus de 3 jours par an.
« Fumer le narguilé à la maison peut être terriblement dangereux pour le fumeur, mais encore plus pour les enfants et les autres membre du foyer exposés au tabagisme passif », a affimé le Dr. Michael Weitzman, auteur principal de l’étude. Dans les colonnes de Reuters, le scientifique s’est inquiété de l’utilisation croissante de cette pratique un peu partout dans le monde, soulignant que les fumeurs de chicha n’ont pas conscience des risques.
Pourtant, la littérature scientifique abonde sur le sujet. Les travaux les plus récents ont notamment montré qu’au cours d’une session, l’usager inhale 125 fois plus de fumée que lorsqu’il fume une cigarette mais aussi 25 fois plus de goudron et 10 fois plus de monoxyde de carbone. Des quantités catastrophiques qui favorisent le développement de pathologie pulmonaire et de cancer. Et comme l’a souligné le Dr Weitzman, l’entourage non fumeur n’est pas épargné. Une étude a montré que les barmans des bars à chicha exposés au tabagisme passif sont autant intoxiqués que les gros fumeurs de tabac.