Maladies cardiovasculaires et cancers. Voici les deux pathologies qui tuent le plus les patients diabétiques. Cette maladie chronique fait souffrir l’organisme, surtout lorsqu’elle est mal contrôlée. Les médicaments se sont adaptés aux patients, au cours des dernières années : pompes à insuline, médicaments d’action longue se sont multipliés.
L’impact sur la mortalité des patients reste modéré, surtout chez les femmes. C’est ce que montre le dernier Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) de Santé Publique France. Il rassemble les données de deux cohortes lancées en 2001 et en 2007. Elles ont chacune suivi 8 400 et 5 800 personnes diabétiques pendant cinq ans.
Des avancées notoires
Depuis 2001, les malades contrôlent bien mieux leur glycémie. Ça n’est pas le seul résultat positif qui émerge de ce BEH dédié au diabète : pression artérielle et LDL-cholestérol – le « mauvais » – sont mieux maîtrisés depuis une décennie.
Le bénéfice revient en partie à des traitements antidiabétiques plus intensifs et une meilleure prise en charge des facteurs de risque. Un effort qui se traduit par un recul de la mortalité. 17,7 % des participants de la première cohorte sont décédés au cours du suivi, contre 15 % dans la cohorte suivante. Autre avancée, les diabétiques peuvent se targuer de vivre plus longtemps, même s’ils décèdent plus tôt que la population générale.
Car la surmortalité persiste dans cette population de malades chroniques, chez les femmes particulièrement. Elles sont 51 % plus à risque de décès que leurs paires en bonne santé. Les hommes, eux, sont 34 % plus exposés à la mortalité. Une donnée en recul depuis plusieurs années. « Une diminution de la mortalité cardiovasculaire globale s’observe en population générale au cours des dernières décennies », explique Sandrine Fosse-Edorh, spécialiste du diabète et coordinatrice de programmes à Santé Publique France. Il n’y avait aucune raison que les diabétiques n’en profitent pas.
Des facteurs de risque persistants
Mais le recul de la mortalité reste léger, et l’écart se maintient avec la population. Les explications sont multiples, mais deux dominent : le tabagisme persiste, tout comme l’obésité. Ils restent des déterminants clés de la mortalité associée au diabète. L’obésité morbide, par exemple, accroît le risque de décès de 76 %. Parmi les diabétiques, bon nombre présentent une surcharge pondérale.
« Les déterminants les plus largement modifiables sont le tabac, l’alcool et surtout l’obésité morbide, mais aussi un retard au diagnostic », explique Sandrine Fosse-Edorh. S’ils ne sont pas spécifiques à la maladie, ils revêtent un caractère essentiel pour cette population à haut risque. Mais comme dans le reste du pays, la prévention a du mal à passer. « On échoue de la même façon en population générale : les déterminants sont difficiles à modifier, que ce soit le tabagisme, l’alcool ou l’obésité », déplore la coordinatrice de programmes.
Les complications du diabète, podologiques ou rénales, aggravent également le pronostic. Ce sont, en effet, des éléments qui témoignent de la gravité de la maladie. De même, le profil du traitement influence le risque de décès : le recours à une insuline seule réduit ainsi les chances de survie par rapport aux autres approches. « Il y a encore beaucoup à faire, comme améliorer l’éducation thérapeutique », concède Sandrine Fosse-Edorh. Un élément essentiel pour une bonne adhérence au traitement.
La spécialiste du secteur plaide en faveur d’une approche personnalisée. « Il est clair qu’il faut adapter l’éducation au profil des patients, tranche-t-elle. On est face à une population qui pour une grande partie est défavorisée, d’origine étrangère. L’éducation doit être adaptée pour toucher toutes les personnes diabétiques. »
Maladies cardiovasculaires et cancers dominent
Les diabétiques restent fragiles. En témoignent les causes de mortalité relayées dans ce BEH : dans 30 % des cas, le décès est d’origine cardiovasculaire. « Les personnes diabétiques sont à très haut risque cardiovasculaire », confirme Sandrine Fosse-Edorh. Les femmes sont particulièrement concernées, plus que les hommes. « Les traitements sont moins intensifs chez les femmes que chez les hommes, explique la coordinatrice des programmes à Santé Publique France. En population diabétique, ces mécanismes peuvent se retrouver également. »
Ces écarts de mortalité s’inversent parmi les patients morts de cancer, moins nombreux depuis 2001. « On retrouve des cancers du foie, du côlon-rectum, de la vessie, du pancréas et de l’utérus, liste Sandrine Fosse-Edorh. A l’inverse, pour la prostate, comme dans la littérature, on retrouve une moindre mortalité. » Un surrisque qui pourrait s’expliquer par le diabète lui-même. L’insulino-résistance a un impact négatif sur certains mécanismes cellulaires, ce qui favoriserait la croissance d’une tumeur.
Source : BEH/Santé Publique France
Le mode de vie est également à blâmer : les femmes diabétiques souffrent trois fois plus de maladies graves du foie (cirrhoses, fibroses, hépatites). La faute, en partie, à une consommation excessive d’alcool mais aussi à l’intolérance au glucose.