Près de 800 000 bébés voient le jour chaque année en France. Une fécondité active, selon l’Insee. Mais tous ne se sentent pas prêts à cet événement important. Si la majorité des Français dit sa joie, la perspective d’un enfant à venir peut aussi être source de stress. L’institut de sondage Odoxa a interrogé la population sur la grossesse (1). Les sondés reconnaissent leur manque d’information. Mais pour 91 % d’entre, se préparer à la conception est une nécessité.
La grossesse, ça se prépare. Sur ce point, la quasi totalité des Français tombe d’accord. Dans les faits, cette belle unité se disloque. Seul un quart des sondés si dit prêt à consulter un professionnel de santé avant de concevoir. Ceux qui souhaitent un enfant dans les deux années à venir sont un peu plus nombreux à l’affirmer. Les autres préfèrent généralement attendre que la grossesse soit confirmée : un répondant sur deux compte voir un médecin une fois qu’elle est entamée.
Une bonne alimentation
La visite pré-conceptionnelle est recommandée par la Haute Autorité de Santé (HAS). Elle représente l’occasion de sensibiliser les futurs parents à l’importance d’une bonne hygiène de vie avant même de procréer. Mais 10 % des futurs parents la réalisent. Or, cette période est cruciale car le fœtus hérite des modifications épigénétiques que le mode de vie peut provoquer. Les mauvaises habitudes de la mère peuvent aussi s’avérer délétères durant la gestation.
Les Français sont tout de même conscients qu’ils manquent d’informations. Deux tiers d’entre eux estiment que leur disponibilité fait défaut. 54 % pensent aussi que les futurs parents ne sont pas bien préparés. Les réponses au sondage semblent confirmer cela.
Un peu plus d’un tiers des personnes interrogées s’accordent à dire qu’avant la conception, adopter une bonne alimentation est important. La prise de conscience reflète l’évolution des maladies chroniques dans la société, selon le Pr Umberto Simeoni, président du Grand Forum des Tout-Petits. « Ces maladies dites « de civilisation » sont devenues un enjeu majeur de santé publique, qui nous pousse à repenser nos actions de santé », affirme-t-il dans en éditorial de ce sondage.
Des répercussions durables
Mais comme souvent, les inégalités persistent. Les Français sondés considèrent que l’hygiène de vie de la mère est plus importante que celle du père… et même alors, ils souffrent de lourdes lacunes. Seuls 49 % des sondés considèrent qu’une activité physique régulière est nécessaire avant de procréer. Mais 32 % considèrent que ce n’est pas nécessaire au bien être de l’enfant. Le résultat n’est pas plus brillant du côté de l’alimentation. Moins d’un tiers estime que surveiller son alimentation doit commencer avant la grossesse. Ce sont pourtant deux paramètres qui réduisent des facteurs de risque de complication durant la grossesse, notamment le diabète gestationnel.
70 % des sondés pensent que l’hygiène de vie du père influence la santé à venir de l’enfant. Mais les facteurs de risque qu’ils avancent ne correspondent que partiellement à la réalité. Deux tiers citent, à raison, le tabac et 56 % l’alcool. Mais seuls 16 % citent l’alimentation et 8 % une activité physique régulière comme des facteurs qui peuvent affecter le développement du fœtus.
« Une bonne hygiène de vie des parents et de l’enfant pendant les 1 000 jours a un impact positif et durable sur la santé », rappelle le Pr Simeoni. Il souligne que les choix de vie se répercutent sur plusieurs générations. « Nombreux sont les travaux scientifiques qui aboutissent à ce constat : agir précocement permet de réduire la probabilité de contracter des maladies chroniques », tranche-t-il.
(1) Sondage Odoxa pour Le Grand Forum des Tout-Petits, réalisé auprès de 1 008 Français âgés de 20 à 40 ans interrogés par Internet. Parmi eux, 473 avait des enfants et 200 souhaitaient un enfant dans les 2 ans à venir.