A la surface de notre peau vit des trillions de bactéries, virus ou champignons. Sur un seul centimètre carré, on peut trouver plus d’un million de bactérie. Dégoûtant ? Il est vrai que ces colonies de microbes ne sont pas très ragoutantes. Mais en réalité, elles sont très utiles et forment une barrière naturelle pour nous protéger des agents pathogènes étrangers, démontrent des chercheurs suédois de l’université de Lund dans une étude publiée dans Scientific report.
Les scientifiques ont en fait découvert que ce rôle de défense du microbiote cutané est sous la houlette d’une seule bactérie appelée Propionibacterium acnes. Ce micro-organisme impliqué dans l’acné fait partie des bactéries les plus fréquentes à la surface de notre peau.
Des travaux précédents ont déjà mis en évidence son rôle protecteur. En libérant des acides gras, elle est capable d’acidifier le pH de la peau afin d’empêcher la croissance de certains streptocoques responsables d’infections bénigne (angine ou impétigo) et plus graves (méningites ou infections cutané nécrosante).
Lutter contre le stress oxydatif
Et à en croire les travaux suédois, cette bactérie ne lutte pas seulement contre les autres agents pathogènes. Elle combat aussi le stress oxydatif qui agresse les cellules de la peau et favorise de nombreuses maladies dermatologiques, comme le psoriasis ou le cancer.
Pour cela, elle sécrète une molécule nommée RoxP qui aurait un effet anti-oxydant aussi puissant que la vitamine C ou E. « Cette protéine est très importante pour la survie de la bactérie à la surface de notre peau. En sécrétant RoxP, elle améliore ces conditions de vie et nous protège », explique Rolf Lood, auteur principale de l’étude.
Espoir thérapeutique
Les chercheurs soulignent que cette bactérie n’est pas présente dans les mêmes quantités chez tout le monde. Ainsi, chaque individu ne bénéficie pas de la protection optimale de RoxP, ce qui expliquerait pourquoi certaines personnes sont plus à risque de développer des maladies de la peau.
Pour valider cette hypothèse, l’équipe suédoise a prévu d’étudier le microbiote cutané et évaluer la quantité de RoxP chez des patients atteints de kératose actinique, des lésions fréquentes chez les peaux claires et qui sont un marqueur du risque de cancer de la peau, et des personnes en bonne santé. Cette comparaison permettra de déterminer s’il existe un lien entre la sévérité de la maladie et la quantité de protéines à la surface de la peau.
Des travaux chez la souris seront également menés afin de mieux comprendre le rôle protecteur de la protéine. A certains cobayes exposés à la lumière UV – principal responsable du stress oxydatif –, les chercheurs injecteront de la RoxP et observeront les effets sur la peau. « Si les résultats sont positifs, cela pourrait suggérer d’inclure la protéine dans la composition des crèmes solaires ainsi que son usage thérapeutique pour le psoriasis ou les dermatites atopiques », espère Rolf Lood.