Ebola peut être asymptomatique. C’est en tout cas la découverte qu’ont faite des chercheurs, près d’un an après la fin de l’épidémie de cette fièvre hémorragique qui a tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest. Quatorze personnes infectées par le virus en Sierra Leone n’ont ainsi jamais été malades, selon une étude publiée dans la revue PLOS Neglected Tropical Diseases.
Les scientifiques ont détecté des anticorps qui neutralisent le virus Ebola dans le sang de ces patients, indiquant qu’ils ont bien été infectés par le passé. Douze de ces quatorze personnes ont dit n’avoir développé aucun symptôme pendant la période de transmission active dans leur village. Les deux autres personnes se souviennent d’avoir eu seulement de la fièvre au moment de la flambée d’Ebola.
25 % des patients asymptomatiques
Le virus Ebola provoque une fièvre hémorragique dont l’issue est fatale dans environ la moitié des cas, et se transmet par contact avec le sang ou les fluides corporels d’une personne infectée. Les symptômes peuvent être de la fièvre, des hémorragies, des maux de tête, des douleurs musculaires, des éruptions cutanées, des vomissements, de la diarrhée, des difficultés respiratoires et pour déglutir.
Cette étude confirme de précédentes suspicions selon lesquelles la sévérité des symptômes d’une infection par le virus Ebola varie, et que certains sujets ne montrent aucun signe de la maladie. « Ces travaux corroborent de précédentes indications suggérant qu’Ebola, comme la plupart des virus, peut provoquer un éventail de symptômes dont certains sont très bénins », indiquent les chercheurs.
Les résultats de ces travaux suggèrent également que l’épidémie a été plus étendue qu’initialement estimée, selon les scientifiques. En se fondant sur cette étude, ils ont calculé que la prévalence des infections par le virus Ebola avec peu de symptômes était d’environ 25 % de la totalité des malades.
"Faire mieux"
« L’étude laisse aussi penser qu’une partie importante de l’épidémie n’a pas été détectée et qu’il y a eu beaucoup plus de transmissions de personne à personne qu’on ne le soupçonnait », expliquent-ils. Ces travaux ont été effectués dans le village de Sukudu, en Sierra Leone, un pays où l’équipe de chercheurs a soigné des centaines de malades dans des centres de traitement d’Ebola. Il y a eu 34 cas d’Ebola dans ce village, qui ont provoqué 28 décès.
« Cette étude nous rappelle la nécessité de faire beaucoup mieux dans les futures épidémies pour détecter toutes les personnes infectées, écrivent encore les chercheurs. Nous pensons que nous allons trouver beaucoup plus de survivants à Ebola, ce qui nous permettra de commencer à mieux estimer le véritable fardeau de la maladie ».