Au cours des deux dernières décennies, la greffe rénale à partir de donneur vivant a progressé en France, notamment en raison des évolutions législatives et médicales, estime l’Association française d’urologie dans un récent rapport paru à l’occasion de l’ouverte ce mercredi de son congrès annuel.
En 2014, 3 241 transplantations rénales ont été réalisées en France, dont 514 grâce au don du vivant, soit une augmentation de plus de 130 % depuis 2009, souligne l’AFU. Une hausse qui a permis à la France de rattraper son retard par rapport aux pays anglo-saxons, et une bonne nouvelle pour les patients qui bénéficient d’un greffon vivant plus de 20 ans contre 13 à 14 ans pour un rein prélevé chez un donneur décédé.
Mais force est de constater que la demande de greffons reste importante. En 2014, 15 470 patients étaient inscrits sur la liste d’attente de transplantation. Une liste qui ne cesse de s’allonger au fil des années du fait du nombre toujours plus important de patient souffrant d’insuffisance rénal.
Répondre à la pénurie de greffons
Dès lors, pour répondre à la pénurie de greffons, la France a assoupli sa législation. La révision des lois de bioéthique a ouvert le don aux parents éloignés, aux amis et aux conjoints.
Dans le même temps, les indications du prélèvement se sont élargies. « On se tourne désormais vers des greffons à critères élargis que nous n'aurions pas considérés autrefois pour une transplantation », précise le Pr François Kleinclauss, auteur de ce rapport. Aujourd’hui, les équipes médicales prélèvent des organes chez des donneurs plus âgés souffrant parfois de comorbidités. Une solution permise grâce à l’évolution des conditions de conservation qui permettent de conserver plus longtemps un rein fragile.
Les techniques chirurgicales ont également connu de grandes révolutions. Avec l’arrivée de la robotique, les chirurgiens ont pu développer des approches peu invasives et prélever un rein en réalisant une incision d’à peine 6 cm. Des méthodes d’extraction vaginales ont même été imaginées par des chirurgiens français. Une première mondiale a été réalisée à Toulouse.
Des receveurs différents
Des avancées qui permettent aujourd’hui de transplanter des patients écartés jusqu’à maintenant. « Des patients de plus en plus âgés, de plus en plus fragiles avec des comorbidités importantes sont désormais candidats à la transplantation », observe le Pr Kleinclauss.
Des profils différents qui soulèvent des interrogations chez les médecins, comme celles autour de la fertilité. « Il est tout à fait légitime de nos jours qu'une femme greffée à 30 ans, ait un désir de maternité. En tant que médecin transplanteur, nous sommes amenés à donner notre avis et à encadrer cette grossesse particulière », témoigne l’urologue.