Le premier tour du scrutin est en train de se dérouler, mais médecins et patients en ont encore gros sur le coeur. Alors que le sujet de la Santé était inscrit au programme du troisième et dernier débat télévisé de la primaire de la droite et du centre jeudi soir, il a finalement été écarté. Les journalistes sur le plateau ont tout simplement préféré d'autres questions, comme celles sur la candidature d’Emmanuel Macron ou la récente élection de Donald Trump.
Dans un communiqué, le Syndicat des Médecins Libéraux (SML) ne cache pas sa déception : « il aura fallu attendre le dernier tiers de l’émission pour que deux mentions y soient faites au détour de conversations portant sur le RSA, le SMIC et les allocations sociales...»
"Notre bien le plus précieux" pour François Fillon
Le syndicat rappelle même que nous en serions restés là, si François Fillon n’avait pas interpellé David Pujadas, au moment de passer au débat libre, pour que soit évoqué la santé. Mais 22 secondes, c’est la durée de sa prise de parole, le temps de dire, avant d’être interrompu par le présentateur de France 2, qu'il souhaitait une politique de santé « basée sur les médecins généralistes, désétatisée et donnant plus d'autonomie aux établissements (de santé) ». Longtemps troisième dans les sondages, puis premier lors d'un dernier paru à quelques heures du scrutin, l'homme de la Sarthe a confié récemment à Pourquoidocteur que « notre santé est notre bien le plus précieux ».
Et à la question : « Faut-il responsabiliser les assurés à avoir une bonne hygiène de vie ? », il était sans concession : « Oui, et les mesures financières incitatives sont un levier ».
En revanche, il assurait qu'avec lui il ne serait pas question de pénaliser une personne qui présente une addiction que ce soit au tabac, à l’alcool ou autre. « La réponse est plus médicale que financière », avait-il conclu.
N. Sarkozy promeut la responsabilité individuelle
En pensant ainsi, l'ancien Premier ministre se distingue de Nicolas Sarkozy. Egalement interrogé par la rédaction, l'ex-Président de la République estime que « la prévention constituera dans les années à venir un objectif prioritaire. Pour être efficace, il compte la promouvoir par la responsabilité individuelle et à travers des priorités clairement définies. S'il est élu en 2017, il promet donc que cela passera par un nouveau contrat individuel entre chaque assuré social, l’assurance maladie et sa mutuelle. « La mise en place d’un parcours de prévention tout au long de la vie répond à cette ambition. Chacun doit être responsable de sa santé », juge-t-il. Les fumeurs « addicts », comme il les surnomme, sont prévenus...
Enfin, à l'instar de ses adversaires, Nicolas Sarkozy veut supprimer le tiers payant généralisé. Dans un discours prononcé en septembre à Franconville (Val-d'Oise), il martelait qu'il souhaitait « redonner toute sa place à la médecine libérale ». Cela passe, d'après lui, par une revalorisation de la rémunération des médecins libéraux, notamment dans les zones de désert médical. Par ailleurs, il plaide pour le développement des maisons pluridisciplinaires, et l'allégement des « paperasseries ». Autant de mesures qui devraient intégrer « un grand plan de médecine libérale 2020 » promis aux praticiens.
Alain Juppé fixe trois grands chantiers prioritaires
Enfin, favori depuis des mois dans le sondages, Alain Juppé a carrément rédigé son « Cahier santé ». Ambitieux, le maire de Bordeaux (Gironde) l'a intitulé : « vers un nouveau monde ». Lorsqu'il avait répondu à nos questions, il voyait cette nouvelle France sans remboursement en fonction des comportements : « sinon, c’est la porte ouverte à toutes les discriminations », tranchait-il.
Pour changer la donne et, surtout, passer aux actes en matière de prévention, il a promis d'accroître les moyens qui y sont consacrés de 10 % en cinq ans. « Je veux consacrer trois grands chantiers à des priorités majeures : la santé maternelle et celle des enfants et des jeunes, la lutte contre toutes les addictions, enfin les liens entre santé et environnement », précisait-il sur notre site web.
Et pour y arriver, Alain Juppé veut de la nouveauté, en faisant par exemple évoluer le programme des études des professionnels de santé et en renforçant le rôle du médecin généraliste comme « conseil en prévention ». Mais l'’assurance maladie doit aussi s’impliquer, selon lui. Il terminait avec cet engagement : « au-delà de 50 ans, chaque assuré social recevra une invitation à consulter son médecin traitant pour une consultation médicale de prévention ». Réponse ce dimanche soir pour voir lequel des trois favoris à le plus convaincu...