Mais que contiennent donc les cigarettes ? Avant l’arrivée du paquet neutre, le fumeur avait l’habitude de regarder la composition de sa marque de cigarettes sur la face latérale du conditionnement. Il n’avait certes accès qu’à une infime partie de l’information sur la composition de sa cigarette, qui relève du secret industriel, mais pouvait tout de même en évaluer les teneurs en goudron, nicotine et monoxyde de carbone.
Mais depuis le 21 novembre, les fabricants de tabac ne livrent plus que des paquets neutres, standardisés, débarrassés de toute référence marketing, aux buralistes français qui n’auront plus le droit de vendre les paquets non-neutres à partir de 1er janvier 2017. La mesure, votée dans le cadre de la loi santé, est vivement recommandée par toutes les instances de lutte contre le tabagisme, et notamment l’Organisation Mondiale de la Santé.
Ne pas comparer
Mais les nouveaux paquets semblent comporter un petit oubli : ils ne mentionnent plus la composition des cigarettes. Si certains paquets affichent des éléments sur les agents de textures et de saveurs, ainsi que le taux de papier à cigarette, ils ne comportement en revanche aucune information sur la teneur en nicotine, en goudron ou en monoxyde de carbone, comme le souligne le magazine 60 millions de consommateurs, qui a mené son enquête sur la question.
En réalité, il ne s’agirait pas là d’un oubli. Selon le ministère, contacté par le magazine, « cette interdiction a vocation à ne pas désinformer les consommateurs sur les dangers du tabagisme (…). La directive considère en effet qu’il convient d’éviter que les consommateurs comparent les cigarettes entre elles pour adopter celles qu’ils croient être les moins nocives, oubliant que nombre de risques liés au tabagisme sont identiques peu importe la composition des produits du tabac. »
La ministre fait ici référence à la directive européenne 2014/40/UE sur les produits du tabac, en vertu de laquelle la loi française est en train d’évoluer. Contrairement au ressenti de certains fumeurs, qui estiment réduire les risques liés au tabagisme en choisissant certaines marques et en évitant des agents spécifiques (combustion, saveur…), la directive européenne estime ainsi que l’impact sanitaire des cigarettes est globalement le même concernant toutes les compositions tabagiques.
Interversion ?
Malgré tout, les autorités françaises devraient s’organiser pour permettre au fumeur d’avoir accès à ces informations et surtout pour obliger l’industriel à fournir des éléments sur la composition de ses cigarettes. Car alors que la polémique enfle, les fumeurs s’interrogent : les cigarettes sont-elles bien les mêmes qu’auparavant ? N’y aurait-il pas eu interversion des références ? C’est en tout cas ce que suggère 60 millions de consommateurs dans son enquête.
Les informations sont censées figurer sur le site de l’Anses (l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) à partir de 2017. Pour ce qui est des autres substances contenues dans la cigarette, les fabricants de tabac ont l’obligation de les déclarer au Laboratoire national d’essais (LNE), qui a établi une base de données sur son site… laquelle n’a pas été mise à jour depuis 2013.