La parole commence à se libérer, mais les victimes d’agressions sexuelles sont toujours aussi nombreuses. En France, une femme sur sept et un homme sur 25 confient avoir vécu au moins une forme d’agression sexuelle au cours de sa vie, selon une étude menée par l’Institut national d’études démographiques (Ined) et publiée la veille de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.
Cette enquête intitulée Violences et rapports de genres (Virages) a été réalisée auprès de 16 000 femmes et 12 000 hommes âgés de 20 à 69 ans et vivant en France métropolitaine. Ils ont été interrogés par téléphone sur des violences ou des agressions dont ils ont pu être victimes dans leur vie et au cours de l’année dernière. Ces questions ne prenaient toutefois pas en compte les faits de harcèlement sexuel et l’exhibitionnisme, tous deux classés pénalement, qui feront l’objet de travaux ultérieurs.
777 000 hommes et femmes victimes
L’enquête rapporte ainsi que ces 12 derniers mois, 553 000 femmes et 185 000 hommes ont été victimes d’agressions sexuelles comme des attouchements du sexe, des fesses ou des seins, des baisers forcés. Et 62 000 femmes et 2 700 hommes ont été victimes de viol ou d’une tentative de viol. Ainsi au total, ce sont près de 580 000 femmes et 197 000 hommes qui ont rapporté avoir été victimes de violences sexuelles l'an dernier.
Ces agressions sont rapportées plus fréquemment par les plus jeunes. En effet, « entre 20 et 34 ans, elles concernent une femme sur 20, soit cinq fois plus d’entre 50 et 69 ans », indique l’Ined. De même, les viols et tentatives de viol sont 3 fois plus fréquents chez les jeunes femmes que les plus âgées.
Les chercheurs rapportent également que parmi les femmes ayant subi des viols ou des tentatives de viols au cours de leur vie, 40 % l’ont été dans leur enfance, 16 % entre 15 et 17 ans et 44 % à l’âge adulte.
Des violences qui se produisent surtout dans le cadre familial (43 % des femmes violées l'ont été par un membre de la famille ou un proche) ou conjugal (37 % ont été agressées sexuellement par leur conjoint ou ex-compagnon) qui « sont fréquemment répétées et peuvent se poursuivre pendant de longues périodes », souligne l’étude. En revanche, trois-quarts des viols et tentatives de viols sur des hommes l’ont été avant leur majorité.
Un espace privé non protecteur
Quelque soit le cadre dans lequel ces crimes ou délits ont été commis, les femmes sont les premières victimes de ces violences, qui sont quasi exclusivement le fait d’un ou plusieurs hommes. Des violences qui demeurent massives et qui sont toujours aussi fréquentes au cours des dernières années malgré les plans successifs pour les éliminer. Avec le 5ème plan interministériel de mobilisation annoncé ce mercredi, le gouvernement espère bien faire reculer ces violences.