New York, comme le reste des Etats-Unis, est au coeur d'une importante vague épidémique de grippe. Le coupable: le virus "H3N2". Il a fait quatre fois plus de vicitimes que l'hiver dernier et provoque une belle pagaille dans les services d'urgence des hôpitaux américains.D'ailleurs, selon les projections, le pic de l'épidémie n'est pas encore atteint outre Atlantique.
Présente en France l'an dernier, cette souche n'est pas plus dangereuse que les autres, mais son caractère épidémique est plus important.
Pour le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe, la France ne devrait connaître d'épisode comparable.
Entretien avec le Pr Bruno Lina, directeur du Centre national de référence de la grippe
pourquoi-docteur.com: Pourquoi la ville de New-York est-elle submergée par une telle épidémie ?
Pr Bruno Lina. Comme dans le reste des Etats-Unis, New York subit actuellement une vague épidémique de grippe. C'est un virus essentiellement de type H3N2 que nous avions l'an dernier en France et qui a donné une épidémie importante chez nous aussi. Au bout du compte, ce que la ville américaine observe, c'est juste une recrudescence du recours aux urgences hospitalières.
Pourquoi cette épidémie est-elle si importante?
Pr Bruno Lina. Il peut y avoir plusieurs raisons: un virus "H3N2" donne des épidémies plus importantes. De plus, même si je ne pense pas que ce soit le cas, le système de recueils peut être plus fiable que l'an dernier, c'est à observer en cas d'augmentation des chiffres d'une année sur l'autre. Enfin, dans les virus épidémiques, ce n'est pas toujours les même individus qui sont touchés. Là, par exemple, on a beaucoup d'écoles touchées, la transmission chez les enfants se fait très bien et donc l'épidémie augmente. Par ailleurs, le froid favorise aussi la transmission de ces virus. Lorsque "période de grand froid" et épidémie coÏncident, l'ampleur des épidémies est plus importante et surtout la mortalité liée à ces épidémies est plus forte. Ce virus n'est pas plus dangereux. Il est juste plus épidémique que les autres.
Pourquoi les autorités américaines ont-elles tiré la sonnette d'alarme?
Pr Bruno Lina. On oublie chaque hiver qu'il va y avoir une épidémie de grippe et que les capacités d'accueil à l'hôpital peuvent être limitées. On se retrouve alors avec des difficultés dans la prise en charge des patient; c'est ce qui se passe à New York. La ville a alors décidé de tirer la sonnette d'alarme parce qu'ils n'ont probablement pas encore atteint le seuil épidemique. La mise en place d'une meilleure organisation d'accueil est indispensable pour éviter les problèmes.
La France peut-elle être touchée par cette vague épidémique de H3N2?
Pr Bruno Lina Non, en France, nous sommes au début de l'épidémie de grippe. De plus, la situation n'est pas du tout la même. On a chez nous les trois virus grippaux qui circulent (H1N1, H3N2, B) de façon quasi équivalente, avec autant de proportions de malades pour chaque virus. La ville de New York, elle, fait l'expérience d'une épidémie essentiellement "H3N2". Nous l'avons vécu l'an dernier, il est donc très peu probable d'avoir en France une bouffée épidémique de H3N2 aussi importante que celle qui sévit actuellement aux Etats-Unis.