La loi El Khomri menace de plus en plus la médecine du travail. Dans le projet de décret d'application de ce texte, dont les dispositions entreront en vigueur le 1er janvier prochain, les modalités concernant cette spécialité médicale sont fixées. Le délai maximum entre deux visites sera désormais porté à cinq ans, rapportent nos confères d'Actuel-RH.
Sans surprise, Force Ouvrière a immédiatement réagi. Dans un communiqué publié vendredi, le syndicat écrit qu'il votera contre ce projet. Membre du Conseil d’Orientation des Conditions de Travail (COCT) qui doit se prononcer ce jeudi 1er décembre, il estime que « la pénurie des médecins du travail ne saurait justifier cette réforme dangereuse et nocive pour les travailleurs ».
Suppression de la visite d'embauche pour tous
Plus en détails, il explique que le projet scelle la suppression de la visite d’embauche pour tous, réalisée par un médecin du travail au profit, tous les cinq ans, d’une simple « visite d’information et de prévention » réalisée par un professionnel de santé. Pour rappel, des décrets de 2012 avaient déjà assoupli à deux ans la périodicité de la visite médicale. Ce nouveau délai ne permettra pas « la détection de risques émergents et ne favorisera pas une relation de confiance entre le travailleur et le service de santé au travail », déplore FO.
Le projet de décret impose toutefois pour les postes à risque une périodicité plus contraignante des visites médicales. Ainsi, le salarié bénéficiant de ce type de suivi devra faire constater son aptitude au cours d'une visite dite « intermédiaire » au maximum 2 ans après son examen médical d'embauche. Par la suite, les examens médicaux devront intervenir au maximum tous les 4 ans.
L'Ordre des médecins est opposé à cette reforme
Enfin, Force Ouvrière dénonce également le sort des travailleurs de nuit (mais aussi handicapés et mineurs) dont la visite semestrielle avec le médecin du travail sera désormais tous les 3 ans. « Nous condamnons fermement cette décision à l’heure où les horaires atypiques se multiplient ainsi que les études scientifiques prouvant leur nocivité sur l’état de santé des travailleurs (augmentation de certains types de cancers, risque élevé de diabètes, d’AVC…) ».
Il continue donc de revendiquer un suivi médical régulier pour tous les travailleurs et non pas seulement pour une partie d’entre eux. « Nous demandons d’urgence les soins intensifs au chevet de la Médecine du travail pour une réforme ambitieuse », conclut le syndicat. Contestée par d'autres organisations, cette réforme suscite aussi les critiques de l'Ordre des médecins. Le CNOM y voit un menace de disparition de la médecine du travail et un risque pour la santé des salariés.