3 000 à 5 000 : voilà le nombre de morts que provoque le tabagisme passif en France. Les chiffres du ministère de la Santé ont de quoi alarmer. Mais au total, un million de personnes sont exposées, contre son gré, à la fumée de tabac. Les conséquences ne sont pas toujours mortelles. Mais elles peuvent être très handicapantes, rappelle une étude parue dans Indoor Air. Menée au Québec (Canada), elle souligne une association entre le tabagisme passif et des troubles du comportement chez les enfants qui en sont victimes.
Parmi les familles interrogées par les chercheurs, 60 % n’ont déclaré aucune exposition passive à de la fumée de cigarette. En revanche, 13 % des enfants suivis ont inhalé sur une base chronique ces émanations toxiques. Au total, plus de 1 000 jeunes nés en 1997-1998 au Québec, ont été consultés. Ils ont répondu à des questions précises sur leur comportement général et scolaire.
Décrochage scolaire
« Les jeunes enfants ont très peu de contrôle sur leur exposition à la fumée du tabac à domicile, considérée comme étant toxique pour le cerveau à un âge où celui-ci se développe exponentiellement », indique Linda Pagani, premier auteur de l’étude. Ils n’en sont pas moins victimes du tabac. L’exposition passive est associée à un risque accru de comportements antisociaux. Dans les faits, cela se traduit par plus de délits, d’atteintes aux biens et d’attitudes rétives face à l’autorité.
Les enfants exposés à la fumée de tabac, et à ses dépôts sur le mobilier familial, sont aussi plus prompts à l’agressivité, présentent une conduite inadaptée à l’école, et souffrent de davantage de décrochage scolaire vers 12 ans. Sur le long terme, les répercussions peuvent être lourdes.
Des conséquences lourdes
Les chercheurs évoquent plusieurs phénomènes indirects qui pourraient expliquer ce lien. Ils ont trait à la toxicité du tabac sur le système cardiorespiratoire en développement. Les enfants exposés ont plus de troubles pulmonaires, notamment. Ce qui pourrait affecter le développement cérébral. Afin d’éliminer toute interaction avec d’autres pathologies, l’équipe a soigneusement éliminé tout facteur perturbant, comme la présence d’un diabète gestationnel ou une exposition prénatale à l’alcool ou aux drogues.
Cette dernière étude s’ajoute à un faisceau lourd de preuves en défaveur du tabagisme passif. Caries, asthme, poids de naissance ou encore mémoire… l’impact de la cigarette est dramatique sur ces organismes en développement.