Au lendemain de la victoire de François Fillon à la primaire de droite, certains se réjouissent, d’autres sèchent leurs larmes… et les derniers s’interrogent. Tel est le cas dans le milieu hospitalier, où l’on voit les réformes se succéder – 35 heures, HPST, T2A… - avec un certain nombre d’effets délétères qui poussent les médecins et les paramédicaux à manifester leur ras-le-bol dans la rue.
Dans un hôpital au bord de la rupture, le « plan Fillon » pour redresser les finances publiques est donc accueilli avec méfiance. Le candidat de la droite a promis de supprimer 500 000 postes de fonctionnaires, dont une partie à l’hôpital. Certes, il ne peut les supprimer de lui-même, cette prérogative relevant des directeurs d’établissements, mais il peut désigner des chefs qui auront, précisément, cette idée derrière la tête.
"Idéologique et non pertinent"
Or, c’est là un programme « idéologique, infaisable et non pertinent », à en croire Frédéric Pierru, sociologue spécialiste de ce secteur. De fait, François Fillon a multiplié les déclarations en expliquant que le temps de travail devait être augmenté à l’hôpital et que les 35 heures devaient se muer en 39 heures, à salaire égal. Il a également mis en avant la convergence tarifaire entre le public et le privé, ainsi que la modification du statut de l’hôpital qui pourrait devenir un ESPIC (Etablissement de santé privé d'intérêt collectif).
« Le programme de François Fillon va vider l’hôpital de ses forces vives, scande Frédéric Pierru. Non seulement, on dit au personnel soignant qu’il va changer de statut et travailler plus pour gagner moins, alors qu’on sait le niveau d’épuisement et d’exaspération de ce personnel… Mais en plus, on explique qu’on va supprimer des postes, alors que beaucoup de services ne fonctionnent même pas à flux tendus, ils sont plongés en pleine désorganisation… »
"Prendre les problématiques en amont"
Du côté de la FHF (Fédération Hospitalière de France), les réactions sont un peu plus nuancées mais non moins sceptiques. Les suppressions de postes sont tout simplement perçues comme irréalisables. « S’il y a un secteur du service public où on ne peut pas appliquer ce genre de règles de manière automatique et mécanique, c’est bien l’hôpital », estime Frédéric Valletoux, président de la FHF
Ainsi, pour celui qui est aussi maire LR de Fontainebleau « il suffit de franchir les portes d’un hôpital pour voir que les gens ne se tournent pas les pouces. Si l’on veut résoudre les problèmes, il faut peut-être commencer par remettre l’hôpital à sa juste place et prendre les problématiques en amont. Il n’est pas normal que la fréquentation augmente de 10 % chaque année aux urgences. L’hôpital n’est pas là pour prendre de plus en plus en charge la médecine de premier recours. C’est vrai que système de santé ne marche pas très bien, mais tel qu’il fonctionne actuellement, je vois mal comment on peut faire des économies de personnel à l’hôpital ».
Que restera-t-il du programme de François Fillon lors des débats présidentiels, voire lors d’un éventuel mandat ? La question se pose alors qu’entre les annonces de campagne et le principe de réalité, il y a parfois un fossé. Dominique Stoppa-Lyonnet, porte-parole santé du candidat, a déjà indiqué que certains projets ne seraient pas déployés, comme la franchise universelle. Qu’en sera-t-il de l’hôpital ?