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Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire

VIH : 70 % des nouvelles infections touchent les hommes

Par Audrey Vaugrente

En 2015 encore, 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité en France. Les hommes sont les plus touchés, en particulier ceux qui ont des rapports homosexuels.

AndreyPopov/epictura
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L’épidémie de VIH ne ralentit pas en France. Chaque année, plus de 6 000 personnes découvrent qu’elles sont séropositives. 2015 ne fait pas exception. Derrière ces découvertes se dissimule une foule silencieuse. 20 % des patients infectés par le VIH ignorent leur statut sérologique. Le véhicule de la propagation est tout trouvé. Et pourtant, les moyens préventifs et thérapeutiques existent. Au cœur du système qui permettrait d’y accéder : le dépistage. Santé Publique France le rappelle ce 29 novembre, dans un Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) thématique. Publié à l'approche de la Journée mondiale de lutte contre le sida – le 1er décembre – il fait le point sur le recours au dispositif de diagnostic.

Quels dépistages pour qui ?

L’année 2015 se démarque par un recours élevé aux sérologies en laboratoire de biologie médicale. Plus de 5 millions d’examens diagnostiques ont été réalisés. 10 600 ont donné lieu à un verdict de séropositivité. La majorité des tests sont réalisés en ville (76 %) plutôt qu’à l’hôpital. Certaines régions s’y réfèrent plus. C’est le cas des départements d’outre-mer, de l’Ile-de-France et de Provence-Alpes-Côte-D’azur (PACA). Ce sont aussi les zones où l’épidémie est la plus virulente.

Les tests rapides à orientation diagnostique (TROD) s'ajoutent à ces tests en laboratoire. Déployés depuis 2012, ils ont pour but de toucher des populations qui, autrement, ne se feraient pas dépister. Objectif atteint : ils ont 62 000 ont été réalisés en 2015. Parmi les utilisateurs, 27 % n’avaient jamais fait de dépistage. Ces tests donnent d’ailleurs lieu à une part légèrement supérieure de séropositivité.

Progressivement, les TROD atteignent une population de plus en plus variée. Après avoir massivement attiré l’intérêt des hommes qui ont des rapports sexuels avec les hommes (HSH), un léger recul s’amorce. Ils représentent désormais 30 % des testés. La part de migrants et de personnes en situation de prostitution a en revanche progressé. Une nouvelle à saluer car « seul un diagnostic précoce des personnes infectées, le plus tôt possible après leur contamination, permet la mise en route rapide d’un traitement antirétroviral », rappelle le BEH.

Enfin, les autotests, plus récemment mis à disposition, connaissent eux aussi un succès croissant. 1 500 à 2 000 sont vendus chaque semaine « soit un total ramené sur une année de l’ordre de 75 000 à 100 000 autotests. »



Les hommes, premières victimes

6 000 personnes résidant en France ont appris leur séropositivité en 2015. Parmi elles, les hommes dominent nettement. Ils représentent 70 % des découvertes. Sans surprise, ceux qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) continuent d’être surreprésentés (43 %). C’est d’ailleurs la seule population où le rythme des nouvelles infections ne recule pas. Chez les hétérosexuels, hommes ou femmes, étrangers ou non, une baisse s’observe. Les personnes nées à l'étranger continuent toutefois d'être la deuxième population la plus infectée.

Un constat inquiète particulièrement, celui des contaminations chez les jeunes. 12 % des découvertes de séropositivité concernent des moins de 25 ans. Parmi les HSH de cette tranche d’âge, le nombre de diagnostics positifs a triplé depuis 2003. Une autre catégorie se démarque par un pic d’infections, les plus de 50 ans. Les cas sont en revanche détectés toujours plus tôt, quatre sur dix se révèlent à un stade précoce, particulièrement chez les HSH et les femmes hétérosexuelles.



A quoi ressemble leur fin de vie ?

Les patients sont traités dès qu’ils sont diagnostiqués. Les molécules prescrites sont très efficaces pour maîtriser l’infection. Conséquence : l’espérance de vie des séropositifs s’allonge. « Toutefois, le retard diagnostic de l’infection VIH, inégalement distribué, continue de peser sur la mortalité directement liée à l’infection », déplorent les auteurs du BEH. L’enquête menée en 2010 dans 81 centres confirme malheureusement cela. Le sida continue de tuer en France. Dans la population HSH, il est impliqué dans un décès sur trois.

De fait, le sida est la première cause de décès au sein de deux groupes : les HSH et les hétérosexuels nés à l’étranger. Les usagers de drogues injectables succombent avant tout aux atteintes hépatiques tandis que les hétérosexuels nés en France meurent principalement de cancers qui ne sont pas liés à leur infection.


Ces patients se démarquent aussi par un grand nombre de pathologies associées, des atteintes cardiovasculaires aux hépatites. Emerge alors un paradoxe : les traitements efficaces relâchent le suivi spécialisé. Les facteurs de risque, cardiovasculaires notamment, ne sont donc pas évalués comme ils le devraient.

Des co-infections bactériennes fréquentes

Chlamydia, gonocoque, syphilis… la liste des infections sexuellement transmissibles (IST) s’étend largement au-delà du seul VIH. Souvent ignorées, elles n’en restent pas moins très présentes en France. Là encore, les HSH sont bien plus touchés, et les co-infections avec le VIH sont fréquentes.

Les chlamydioses sont de loin les pathologies sexuellement transmissibles les plus courantes, avec 81 000 cas déclarés en 2015. Les jeunes et les femmes sont les plus touchés, mais une hausse marquée s’observe chez les représentants du sexe masculin.

Cette répartition « équitable » ne s’observe que là : la syphilis décime la population HSH et continue sa progression (+56 %). Un tiers des patients repérés sont co-infectés par le VIH. Le tableau est encore plus sombre concernant les lymphogranulomatoses vénériennes rectales. Elles touchent presque uniquement cette catégorie, et trois quarts sont aussi séropositifs.