C’était une des mesures phares de la loi de modernisation du système de santé portée par Marisol Touraine et votée en décembre 2015. Rendre obligatoires les complémentaires santé pour tous les salariés. Une mesure qui avait été âprement débattue : les contrats responsables mis en place par les assurances complémentaires dans le cadre du déploiement de cette mesure en inquiétaient plus d’un. A raison, si l'on en croit l’étude menée par le cabinet de conseil Mercer, relayée par Le Parisien. Moins d’un an après la mise en place de ces contrats, les chiffres confirment que les restes à charge ont augmenté, parfois, ils ont même doublé.
Ces contrats responsables, qui plafonnent les remboursements, avaient pour objectif premier, selon la ministre de la Santé, de limiter les dépassements d’honoraires. Dans les faits, ce sont surtout les frais remboursés aux assurés qui ont bel et bien baissé : le reste à charge a progressé de 130 %, relève le cabinet Mercer, passant de 2 euros en moyenne à 4,60. Les consultations chez les généralistes n’ont, elles, généré « que » 20 % de reste à charge supplémentaires. Mais en ce qui concerne les hospitalisations, là encore, les chiffres ont quasiment doublé, le montant payé par le patient est passé d’un peu plus de 8 euros à près de 17. Mercer souligne que si, pour l’heure, 95,6 % des actes sont remboursés en totalité, « le nombre de fois où le patient y va de sa poche a quasiment doublé pour les actes de spécialistes ».
Pour limiter les frais à leur charge, les assurés ont adopté deux stratégies : d’une part, changer de médecin et s’orienter vers des praticiens qui facturent moins cher, ou ont signé un contrat d’accès aux soins (CAS) avec la Caisse nationale d’assurance maladie. D’autre part, beaucoup ont cédé à l’option de la surcomplémentaire pour retrouver un niveau de remboursement équivalent à celui de leur ancien contrat. Une démarche qui touche principalement les salariés les plus modestes, qui ont le plus de mal à faire face aux restes à charge potentiels. Mais s’assurer mieux à un coût, loin d’être négligeable pour des revenus moyens, 240 euros par an en moyenne, estime le cabinet.
Des chiffres qui viendront sans doute renforcer les inquiétudes soulevées par le programme santé du candidat de la droite à l’élection présidentielle. François Fillon propose en effet de revoir la répartition des paniers de soins, et de faire tomber dans l’escarcelle des complémentaires toutes les affections bénignes.