Que s’est-il passé au CHU de Nantes ? Après le décès inexpliqué de trois patients, l’enquête piétine. Les premiers résultats de l’investigation menée par l’Igas (Inspection générale des Affaires sociales) n’ont pas permis de déterminer l'origine de ces décès suspects ni d’identifier des « causes apparentes ».
Le 4e patient est sorti de l’hôpital
Les trois patients décédés, âgés de 61 à 65 ans, ont trouvé la mort entre le 10 et le 13 novembre. Ils étaient hospitalisés pour un lymphome, et ont été traités avec de la cyclophosphamide en remplacement du melphalan généralement utilisé.
Un quatrième patient traité dans les mêmes conditions qui avait dû être admis en réanimation, est pour sa part « sorti de l'hôpital », indique le ministère de la Santé dans un communiqué, rédigé quelques heures après la remise des premières conclusions de l’Igas.
Approvisionnement en melphalan
La mission « constate que la principale complication grave présentée par les quatre patients est une myocardite aiguë » et souligne que « ni ce type ni ce taux de complication n'est décrit dans la littérature internationale qu'elle a pu obtenir ».
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a demandé à l'Igas de « poursuivre sa mission » en examinant notamment les « conditions d'approvisionnement en melphalan ». Reprenant les conclusions de la mission, elle demande le recensement « de l'ensemble des patients traités pour lymphome en France en 2016 avec le même protocole de chimiothérapie afin de déterminer précisément la fréquence et les conséquences des complications cardiaques ». Celui-ci doit permettre la réévaluation des « préconisations nationales pour la prise en charge des patients traités pour lymphome en France ».
Une utilisation courante
La démarche pourrait être fastidieuse… De fait, selon les experts interrogés au lendemain de l’annonce de ces décès, l’administration de cyclosphosphamide en remplacement du melphalan est très courante, en raison des tensions d’approvisionnement autour du melphalan.
« Ce médicament est largement utilisé par de nombreux centres et dans de nombreuses chimiothérapies intensives pour différents cancers depuis plus de 20 ans », a ainsi expliqué à Pourquoi Docteur le Pr Tilly, hématologue au Centre de lutte contre le cancer Henri Becquerel à Rouen. Ainsi, pour l’heure, rien n’indique que le choix thérapeutique fait par les médecins nantais pourrait expliquer ces décès suspects.