Ils sont partout. Dans les cuisines, les salles de bain ou de jeux, les jardins… L’ensemble de la maison est contaminé par les perturbateurs endocriniens. La pollution va des cosmétiques aux pesticides en passant par les canettes alimentaires. Et pourtant, rien ne limite notre exposition. L’heure du ras le bol a sonné pour 100 scientifiques du monde entier. Dans les colonnes du Monde, ils dénoncent les pressions de l’industrie pour maintenir le flou autour de ces produits qui perturbent le système hormonal.
Une controverse artificielle
Parmi les signataires, des noms bien connus du domaine, comme Rémy Slama - directeur de recherche à l’Inserm – ou encore Barbara Demeneix – endocrinologue à l’Inserm. Tous s’accordent sur un point : la réglementation est loin d’être suffisante autour des perturbateurs endocriniens. En cause, selon eux, les « marchands de doute », à savoir les industriels. Son arme : des scientifiques liés aux fabricants qui utilisent ces produits. Car les signataires prennent clairement position contre l’industrie. Ils l’accusent de déformer des données scientifiques et d’entretenir un flou savant dans un domaine où la controverse n’a pas lieu.
Plusieurs pathologies dans lesquelles les hormones entrent en compte connaissent une hausse : les cancers du sein et des organes génitaux, les malformations génitales, ou encore les troubles du développement cérébral. Les causes sont multiples, concèdent les auteurs de cette tribune. Le mode de vie entre en ligne de compte. Mais l’omniprésence des perturbateurs endocriniens est loin d’être anodine. Les scientifiques estiment qu'il est de leur responsabilité de relancer le débat afin de faire réagir les décideurs.
La mollesse de l'UE
La solution est simple, à en croire la tribune. Seule une réglementation plus stricte, au niveau des Etats et de l’Union européenne, permettra de limiter l’exposition à ces produits chimiques. Mais Bruxelles ne semble pas prête à franchir ce pas. Sa définition des perturbateurs endocriniens a tardé à se faire connaître, et son contenu laisse à désir. Le retard s’accumule et la COP 21 devrait avoir un impact limité. Pour preuve, aucun pays n’a encore franchi le pas de la législation.
A cette immobilité, les signataires ne voient qu’une explication : l’industrie multiplie les efforts pour retarder les actions de prévention. « Cette même stratégie a été utilisée par l’industrie du tabac, contaminant le débat, semant le doute dans la population et minant les initiatives des dirigeants politiques et des décideurs pour développer et adopter des réglementations plus efficaces », dénoncent les auteurs.
A l’heure où François Fillon aborde la suppression de la notion de principe de précaution, le problème est on-ne-peut-plus d’actualité.