Le HCSP a tranché. Le Haut Conseil à la Santé Publique n’est pas favorable à l’utilisation anticipée du vaccin contre la dengue dans les Territoires français d’Amérique (Guyane, Martinique, Guadeloupe…). L’avis, daté du 7 octobre, vient d’être publié sur le site du Haut Conseil et converge avec un précédent avis rendu en juin, défavorable à une utilisation du vaccin à la Réunion et à Mayotte.
Les membres du HCSP ont été saisis alors que le virus de la dengue s’est propagé de manière endémique dans les TFA font face à une épidémie de dengue. Le Dengvaxia, le vaccin contre la dengue, est déjà enregistré dans certains pays (Mexique, Brésil, Salvador) et utilisé aux Philippines. Mais au niveau européen, il ne dispose pas encore d’autorisation de mise sur le marché (AMM). En effet, le vaccin est en cours d’évaluation à l’Agence européenne des médicaments (EMA).
Données insuffisantes
« Le Haut Conseil de la santé publique n’est pas favorable à l’utilisation anticipée de ce vaccin dans les TFA, peut-on lire dans le rapport. Certaines co-morbidités, essentiellement la drépanocytose, pourraient favoriser la survenue de formes graves de dengue, mais les données sont insuffisantes pour recommander la mise en place d’une vaccination ciblée sur ces populations par une procédure dérogatoire permettant un accès précoce avant AMM ».
Par ailleurs, le fait de fournir un accès à un vaccin qui ne dispose pas d’AMM relève d’une procédure devant « répondre principalement à des situations d’urgence ou d’impasse thérapeutique qui ne correspondent pas à la situation actuelle », selon le HCSP.
« Ceci nécessiterait de déterminer les tranches d’âge à vacciner, avec un risque théorique d’être ultérieurement hors AMM. Les effets réciproques entre la vaccination dengue et le Zika actuellement épidémique représentent une inconnue qu’il conviendrait de mieux appréhender ».
Essai clinique nécessaire
En conséquence, le HCSP recommande la « mise en place dans les TFA d’un essai clinique de la vaccination dengue chez les personnes atteintes d’un syndrome drépanocytaire majeur », qui augmente les risques d’infections graves. « Cet essai permettra de vacciner les personnes en fonction de leur séropositivité, et de repérer d’éventuels effets indésirables spécifiques aux drépanocytaires ».
Enfin, le Haut Conseil préconise de renforcer les mesures de protection individuelles et collectives de protection contre les moustiques. Et ce d’autant plus « compte tenu de la rythmicité des cycles épidémiques, il est vraisemblable qu’une épidémie surviendra dans un proche avenir, sans qu’on puisse en prévoir la date, l’ampleur et la sévérité, du fait notamment des interférences possibles avec le virus Zika qui circule activement dans cette zone actuellement ».