Un groupe d’étudiants face à l’homme le plus détesté du monde. La passe d’armes est inhabituelle et devrait réjouir les plus virulents opposants de Martin Shkreli. En effet, 11 élèves de l’université de Sydney (Australie) ont recréé de la pyriméthamine à un faible coût.
Ce traitement antiparasite était au cœur d’une polémique aux Etats-Unis : l’ancien PDG de la firme Turing Pharmaceuticals a fait grimper son prix de 5 000 %. Interpellé sur Twitter, il s’est montré mauvais joueur. « Pratiquement tous les médicaments peuvent être produits à petite échelle à un petit prix », a répliqué Martin Shkreli, ponctuant son tweet d’un « lol » mi-moqueur, mi-agressif.
@nedavanovac lol how is that showing anyone up? almost any drug can be made at small scale for a low price. glad it makes u feel good tho.
— Martin Shkreli (@MartinShkreli) 1 décembre 2016
Sa mauvaise humeur, il la doit à 11 étudiants australiens qui ont fait la une de plusieurs media nationaux. Le Dr Alice Williamson, chimiste à l’université de Sydney, propose chaque année à un groupe d’étudiants un projet dans sa spécialité. Cette année, le défi consistait à synthétiser la pyriméthamine – commercialisée en France sous le nom Malocide. « Cela nous a semblé plus important, vu l’historique », confie au Sydney Morning Herald, James Wood, 17 ans.
Plusieurs milliers de dollars
Il n’imaginait sans doute pas la portée que prendrait cette simple expérience. Son équipe a acheté 17 grammes d’un produit chimique qui ne coûte que 36,5 dollars les 100 grammes (34 euros). Il compose la majeure partie de leur molécule. Une méthode alternative a été mise au point pour produire la pyriméthamine. Le test de pureté au spectrographe est concluant : l’enseignante a rarement observé un produit aussi pur.
Les étudiants se retrouvent finalement avec 3,7 grammes de pyriméthamine. Ils valent, selon les standards américains, plusieurs milliers de dollars. La conclusion de James Wood est simple : « Nous pensons que cela dit beaucoup sur la nature de l’industrie pharmaceutique », lâche-t-il.
Car c’est bien cette logique d’avidité qui a fait de Martin Shkreli. La pyriméthamine est commercialisée depuis une soixantaine d’années. Mais l’Américain a fait passer le prix de la boîte de 13,5 dollars à 750 dollars. La colère était d’autant plus vive que ce médicament est principalement prescrit à des personnes fragiles – sous chimiothérapie ou infectées par le VIH par exemple.