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Intelligence artificielle

Un des premiers enfants du Téléthon crée une start-up

Par Anne-Laure Lebrun

Emmanuel Hureaux, l'un des premiers enfants du Téléthon, vient de créer sa start-up dédiée à l'intelligence artificielle pour améliorer l'accès au numérique des personnes handicapées. 

DURAND FLORENCE/SIPA
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« Sans le Téléthon, je ne serai pas là », confie simplement Emmanuel Hureaux, jeune entrepreneur de 32 ans, face à une centaine de professionnels du numérique invités pour le lancement du Téléthon digital le 8 novembre dernier. 

Le trentenaire est l’un des premiers enfants du Téléthon. Ses parents ont fait partie des pionniers de l’événement télévisuel. « En 1987, j’ai même été assis sur les genoux de Jerry Lewis (parrain de la première édition, ndrl) », s’amuse-t-il.

Emmanuel Hureaux est atteint d’amyotrophie spinale, une maladie génétique rare incurable qui l'a rendu tétraplégique. Il lui est impossible de marcher, utiliser ses mains ou même respirer seul. Et pourtant, il est ingénieur et dirige depuis un peu plus d’un mois une start-up spécialisée dans l’intelligence artificielle, Synthetic Automation. Son objectif : rendre accessible à tous l’outil numérique. Car, « les personnes handicapées comme moi n'ont accès qu’à 20% de leur ordinateur. Or il faut avoir accès à la totalité pour avoir une vie professionnelle épanouie », explique le jeune entrepreneur.


Se débarrasser des tâches répétitives

Malgré son handicap, Emmanuel a toujours été attiré par le monde informatique et numérique. Mais cette technologie créée par les valides pour les valides lui résiste. « Quand j’étais enfant, je ne pouvais rien faire. A chaque fois que je voulais jouer aux jeux vidéo avec mes copains, on me disait que je ne pouvais pas ou alors que je devais demander l’aide de quelqu’un », se souvient-il.

Une frustration qui le suivra jusqu'au moment de passer sa thèse dans un laboratoire du CNRS. Face à son ordinateur, il doit manipuler, analyser, formater des millions de données, soit cliquer encore et encore sur sa souris pour générer des lignes de tableur. « Or, dans ma maladie, on ne peut pas réaliser d’actions répétitives sans perdre définitivement des fonctions musculaires », explique-t-il.

Lors de cette expérience, il réalise également que ses collègues ingénieurs et scientifiques passent des semaines à réaliser ces mêmes tâches ingrates. « Une perte de temps ridicule qui entraîne en plus des troubles musculosquelettiques et impacte la productivité», déplore Emmanuel. Il se lance alors dans le développement de logiciels capables d’automatiser ces tâches quotidiennes qui prennent des heures et qui pourraient être réalisées en un clin d’œil.


A accès à la quasi-totalité de son ordinateur

Le premier bénéficiaire de ses outils est bien sûr lui-même. « Quoi de mieux qu’être son bêta testeur », lance-t-il avec le sourire. A cause de sa maladie, Emmanuel doit piloter sa souris avec sa bouche, et n’a accès qu’au clic gauche. Mais grâce à ces logiciels d’intelligence artificiel, il peut guider sa souris aussi rapidement que les valides et peut très facilement accéder à tous les paramètres dont il a besoin. En parallèle, il utilise un logiciel de reconnaissance vocale qui lui permet de dictet à haute voix ses mails, créer ou ouvrir des documents, surfer sur internet ou mettre à jour ses réseaux sociaux. « J’arrive même à jouer à des jeux vidéos en réseau comme Call of Duty ou World of Warcraft », glisse très fier ce gamer. Aujourd’hui grâce à tous ces outils Emmanuel arrive à utiliser plus de 80 % de son ordinateur.

Mais le jeune start-upper ne veut pas simplement améliorer l’accès au numérique des personnes handicapées et accroître leur autonomie. Il assure que ces logiciels d’automatisation peuvent bénéficier au monde des valides, et ce à des tarifs très abordables. « Il faut que les personnes valides et les personnes handicapées partagent les mêmes outils sinon chacun reste dans son coin et cela n’est pas intéressant », affirme Emmanuel.