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Enquête sur 2 807 familles

Psychiatrie : les familles mises à l'épreuve

Par Julian Prial

Selon une enquête française, les proches de malades psychiques ressentent une souffrance durant chacune des étapes que traverse le patient.

pressmaster/epictura

On estime qu'en France, environ deux millions d'individus vivent avec des troubles psychiques. Qu'ils soient schizophrènes, bipolaires ou atteints de Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) tous ont des proches (environ 3 millions de personnes). Ces derniers souffrent aussi.
C'est ce que montre l'enquête de l'association Unafam (1) publiée ce vendredi. Elle a été menée avec le concours de Médiaprism auprès de 2 807 familles et proches de l'Union qui ont bien voulu répondre. Les données récoltées permettront de renforcer leur mission de défense des droits et intérêts des usagers. Et il y a visiblement beaucoup de travail à accomplir.

En effet, l'entourage estime tout d'abord qu'il y a des progrès à faire en matière d'information. Moins d'un tiers des familles connaît par exemple les instances de défense des intérêts des personnes malades psychiques. La Commission départementale des usagers (CDU) et la Commission départementale des soins psychiatriques (CDSP) demeurent ainsi des acronymes peu connus.
A côté de cela, les entourages sont seulement 17 % à être informés de l'existence d'associations pouvant les accompagner au cours de la prise en charge de leurs proches.

Un délai de prise en charge trop long 

Un constat d'autant plus dommageable pour les plus faibles que cette dernière est loin d'être satisfaisante. Le délai de prise en charge des malades en psychiatrie est ainsi jugé trop long pour 61 % des familles. Dans 37 % des situations, il est même estimé à plus de 3 ans ! Plus de la moitié des répondants n'hésitent pas à dire qu'un délai plus court aurait été bénéfique pour le traitements des patients psychiatriques.

Concernant leur hospitalisation, le bât blesse encore. Ils qualifient même l'expérience de "douloureuse" étant donné que 77 % des familles déclarent que leur proche à été hospitalisé à plusieurs reprises. Avec de multiples manquements relevés. Par exemple, 31 % des familles déplorent l'absence de personnel qualifié (psychiatres, psychologues) dans les centres hospitaliers non spécialisés. A noter également, 14 % des proches vont jusqu'à estimer qu'il n'y a pas eu de prise en charge.

La sortie de l'hôpital chaotique 

Et la chaîne des défaillances semble totale dans la prise en charge des malades psychiatriques français. La sortie de l'hôpital n'est, c'est vrai, guère plus appréciée. Et surtout pas anticipée. Dans 70 % des cas, les familles sont prévenues moins d'une semaine avant. Pire, 20 % le sont le jour même.

Les familles jugent aussi que le suivi s'arrête trop souvent aux médicaments. En chiffres, on apprend que seule une personne sur deux se voit proposer des soins autres que cette prise en charge. Par ailleurs, le logement du malade à la sortie de l'hôpital n'est que très peu souvent à la hauteur. Enfin, une part non négligeable des familles déclare assumer les frais liés à la maladie de leur proche. Un dernier chiffre qui n'a rien d'étonnant car seuls 19 % des familles déclarent que leur proche a un emploi. Bref, un portrait au vitriol de la psychiatrie hexagonale. 

(1) Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques