Marquée par une histoire douloureuse, l’esclavage et la colonisation, Haïti est régulièrement confrontée aux catastrophes naturelles et aux épidémies. Mais l'île avait échappé au choléra jusqu’en 2010. Une fois encore, une intervention étrangère va changer le cours des choses.
Cette année-là, un campement de casques bleus népalais, en charge par les Nations Unies d’une mission de stabilisation, va se servir d’une rivière comme d’une poubelle et y répandre des déchets infectés. Le choléra se propage dans la République, faisant au passage 800 000 victimes et 9 300 morts.
Malgré l’évidence, l’ONU nie sa responsabilité dans cette épidémie meurtrière. Une commission d’enquête diligentée par le secrétaire général Ban Ki-moon en 2011 disculpe en partie la mission népalaise. Deux ans plus tard, une commission reconnaît comme « source probable » de l’épidémie les casques bleus.
Il faudra attendre encore 5 ans pour que l’ONU présente ses excuses. Ce jeudi, à la tribune de l’Assemblée générale, rapportent les agences de presse, Ban Ki-moon s’est adressé au peuple haïtien en créole, en français et en anglais pour exprimer ses regrets « pour les pertes en vies humaines et les souffrances causées par l'épidémie de choléra (…). Nous n'avons tout simplement pas fait assez concernant l'épidémie de choléra et sa propagation en Haïti », a-t-il reconnu.
Pour autant, ces excuses solennelles n’engagent pas la responsabilité légale de l’Organisation. A la suite de plaintes déposées par la justice haïtienne, une juridiction américaine a confirmé cet été l’immunité de l’ONU dans cette affaire.
Avant de quitter ses fonctions à la fin de l’année, Ban Ki-moon espère cependant initier un mouvement auprès de donateurs pour récolter 400 millions de dollars en deux ans. Pour venir en aide aux familles touchées par l’épidémie et pour améliorer le système de distribution d’eau.
Un habitant sur deux n’a pas accès à l’eau potable.