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Vaste enquête du CICR

Guerre : 26 % des Français favorables à la torture contre un ennemi

Par Julian Prial

Sept Français sur dix condamnent la torture, selon une enquête. Mais près de 3 personnes sur 10 y sont tout de même favorables contre un combattant ennemi.

Couperfield/epictura
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Alors que les combats s'intensifient autour de la ville syrienne d'Alep, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a publié lundi les résultats d'une vaste enquête d'opinion menée à travers le monde sur divers thèmes liés à la guerre. Si l'idée qu'il faut imposer des limites à la guerre est partagée par l'immense majorité des personnes interrogées, certains points de vue sur la torture et les pertes civiles sont très inquiétants.

Intitulée "Les voix de la guerre", l'enquête a été menée entre juin et septembre 2016 auprès de plus de 17 000 personnes de 16 pays. Parmi eux, on trouvait dix pays en proie à un conflit armé (dont l'Irak, l'Afghanistan et le Soudan du Sud), ainsi que les cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies (les "5-P", à savoir la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie).

Sanctuariser les hôpitaux et leurs personnels

Dans les résultats encourageants, on peut noter que 80 % des personnes interrogées estiment que les combattants doivent prendre toutes les précautions possibles pour épargner les civils lorsqu'ils attaquent le camp adverse, et elles sont tout aussi nombreuses à condamner les attaques perpétrées contre les hôpitaux, les ambulances et les personnels de santé dans l'objectif d'affaiblir l'ennemi.

En revanche, pas moins de 36 % des sondés pensent qu'il est acceptable de torturer un combattant ennemi fait prisonnier pour lui soutirer des informations militaires de première importance. Un tendance identique en France, puisque 26 % des Français partagent cette opinion. Par ailleurs, un peu moins de la moitié seulement des personnes interrogées (48 %) condamnent cette pratique – alors qu'elles étaient 66 % à l'issue d'une enquête réalisée en 1999. Sur ce point, les Français se distinguent car ils sont tout de même 71 % à la condamner. 

Les conséquences dramatiques de la torture 

« Les résultats de l'enquête montrent qu'il nous faut réaffirmer avec force une règle fondamentale : la torture sous toutes ses formes est interdite, a déclaré le président du CICR, Peter Maurer. Ce n'est pas en diabolisant l'ennemi que nous assurerons notre sécurité. Même pendant un conflit, toute personne doit être traitée avec humanité. Le recours à la torture ne peut que conduire au pire. La torture a des conséquences dramatiques sur les personnes qui en sont directement victimes et meurtrit des sociétés entières pendant plusieurs générations. »

Enfin, d'après les résultats de l'enquête, les personnes vivant dans des pays en proie à un conflit armé ou à proximité d'un pays en guerre semblent plus attachées au principe d'humanité tel qu'il est inscrit dans les lois de la guerre. Un chiffre atteste de cette fracture : 26 % des sondés vivant dans les "5-P" – contre 14 % dans les pays touchés par un conflit armé – pensent que le fait de priver la population civile de produits essentiels – vivres, eau, médicaments, etc. – en vue d'affaiblir l'ennemi fait simplement « partie de la guerre »...