Dans la perspective des élections présidentielle et législatives de 2017, le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes a décidé d’interpeller les candidats. Pour cela, il publie ce mardi un Livre blanc qui formule 12 propositions destinées à promouvoir leur rôle dans la prise en charge et l’amélioration de la santé des femmes et de leurs enfants.
Il sera remis en main propre à l’ensemble des candidat(e)s à l’élection présidentielle et à leurs états-majors politiques, à l’occasion de rencontres prévues au cours du premier semestre 2017. Intitulé « Innover pour la santé publique avec les sages-femmes », il vise à répondre aux nouveaux enjeux démographiques, de prévention et de formation auxquels les sages-femmes sont confrontées, en France et en Europe.
Promotion de la santé
Les instances de la profession de sage-femme soutiennent par exemple la mise en place d’une consultation pour tous les jeunes dès l’âge de 16 ans. Elle pourrait, selon l'Ordre, être effectuée par une sage-femme. Cette consultation serait axée sur l’éducation à la sexualité et à la vie affective, à l’information à la contraception, associée à la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) et des conduites addictives.
A ce titre, l'Ordre rappelle qu'en France, 6,7 % des jeunes âgées de 12 à 17 ans ont déjà eu recours une fois à une IVG. Il est donc d'après lui, également « indispensable de mettre en place des actions de promotion de la santé à l'école et tout au long du parcours scolaire de l'enfant afin de simplifier et faciliter l’accès à la prévention et à la contraception pour l’enfant et l’adolescent ». Et là encore les sages-femmes auraient un rôle à jouer...
Plus de place pour la gouvernance
Par ailleurs, la profession souhaite renforcer la représentation des sages-femmes au sein des instances de gouvernance. Elles estiment par exemple qu'elles ont toute leur place dans la mise en œuvre des 135 groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui, en inscrivant les hôpitaux publics dans une vision partagée de l’offre de soins, vise à associer l'ensemble des professionnels de santé afin de répondre de manière optimale aux besoins de la population.
Aussi, afin de faire évoluer positivement en termes de coût-efficacité la coordination et l’efficience des soins entre ville et hôpital, les instances de la profession de sage-femme proposent d'optimiser les ressources en créant de nouveaux postes de coordination sages-femmes au sein des hôpitaux, et de nouveaux postes de sages-femmes au sein des Agences régionales de santé (ARS) et des services de protection maternelle et infantile (PMI).
Favoriser l'accouchement par une sage-femme
Enfin, les sages-femmes rappellent aux candidats que les plateaux techniques permettent à tout professionnel libéral de venir exercer son activité au sein d’un établissement hospitalier. Et à ce titre, ils représentent pour elles l’opportunité d’assurer l’accouchement des patientes au sein d’une maternité publique ou privée dans le cadre de l’accompagnement global de la naissance, « sous réserve d’adresser la patiente à un médecin en cas de situation pathologique », précisent-elles.
Mais à cause du cadre législatif et règlementaire existant, cette organisation est aujourd’hui trop restreinte. Elles affirment pourtant que « de plus en plus de femmes formulent le souhait d’être suivies et accouchées par la sage-femme avec laquelle elles ont préalablement construit leur projet de naissance ».
Le Conseil national de l’Ordre des sages-femmes propose donc que des mesures soient prises par les décideurs publics afin de pour les sages-femmes libérales permet l’accès des sages-femmes libérales aux plateaux techniques, favoriser l'accès à des plateaux techniques hospitaliers pour l'accouchement et soutenir leur accès pour l’ensemble des femmes.
La lutte contre les déserts médicaux
La diminution du nombre de professionnels de santé non remplacés ainsi que les nombreux déserts médicaux ne permettent plus de répondre efficacement aux besoins de la population, rappelle l'Ordre des sages-femmes dans son Livre blanc. Il estime d'ailleurs que face à la diminution à venir du nombre de gynécologues obstétriciens (- 6 % entre 2011 et 2020), le rôle des sages-femmes sera « nécessairement amené à être renforcé et légitimé au cours des prochaines années, tant auprès de la femme enceinte que dans la prise en charge de leur santé génésique en dehors des périodes de grossesse ».Il poursuit en écrivant que les sages-femmes ont donc vocation à être reconnues comme des acteurs médicaux de premier recours auprès des femmes en bonne santé. Ce nouveau statut permettrait de les orienter directement vers un professionnel de santé sans passer par le médecin traitant, tout en permettant la prise en charge à 100 % des soins par l’Assurance maladie. Cette orientation directe représenterait un précieux gain de temps pour les femmes, notamment si elles sont amenées à souffrir d’une pathologie nécessitant une prise en charge rapide. « L’objectif est de faciliter leur suivi et leur prise en contribuant à la réduction des dépenses publiques de santé », conclut l'Ordre. Un dernier argument auquel les candidats à la Présidentielle seront, on l'imagine, sensibles...