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Haute-Saône : depuis 9 mois il essaie de donner son cabinet

Par Stéphany Gardier

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Patrick Laine est généraliste dans un petit village de Haute-Saône depuis le début des années 1980. Un médecin de campagne comme on n’en fait plus. Et son histoire, relayée par de nombreux médias, est emblématique de ce que vivent de nombreux praticiens de sa génération : l’impossibilité de trouver un remplaçant à l’heure de partir à la retraite.

Aujourd’hui âgé de 66 ans, le Dr Laine a été victime d’un accident vasculaire cérébral ; un élément déclencheur qui l’a convaincu de raccrocher son stéthoscope. Après 35 ans de bons et loyaux services dans le village de Saulnot, le médecin a donc cherché à remettre son cabinet. Loin de toute velléité mercantile, Patrick Laine ne souhaitait pas vendre mais bel et bien donner son cabinet de 300 m2, son matériel et sa patientèle. Et pour mettre toutes les chances de son côté, il n’a pas hésité à passer une annonce sur le site du Bon Coin. « À 66 ans, je joue les prolongations, mais mon éthique ne m'autorise pas à abandonner ma patientèle », expliquait-il alors. C’était en mars dernier.

Neuf mois plus tard, c’est le statu quo ! Le médecin est toujours au cabinet et aucun confrère n’a répondu à son offre. « Je n'ai aucun contact depuis neuf mois, et même en faisant appel à un réseau italien du Val d'Aoste, je n'ai aucun retour non plus, c'est inimaginable, ça dépasse mon entendement », a confié le généraliste à France Bleu.

Le Dr Laine a aujourd’hui 5 000 patients. Six jours sur sept, il enchaîne entre 12 à 15 heures de travail. Un rythme qui ne correspond plus aux attentes des jeunes médecins d’aujourd’hui, et le praticien en est bien conscient. « Les médecins de ma génération ne rechignent pas sur le travail. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, travailler minimum 12 heures par jour, ça doit faire peur », explique-t-il à France Bleue. Il a donc proposé de diviser la charge de travail entre deux médecins, sans succès.

La France compte aujourd’hui 192 déserts médicaux officiellement recensés ; ce sont 2,5 millions de Français qui sont concernés. Médecins et élus locaux se trouvent souvent bien dépourvus pour maintenir des cabinets dans certaines communes rurales, voire même parfois dans certaines agglomérations. Ils font donc preuve de plus en plus d’imagination pour tenter de séduire de futurs professionnels de santé. Annonces sur les réseaux sociaux, vidéos sur YouTube, ou encore des opérations comme le Généraliste dating, certaines communes vont même jusqu’à offrir des « cadeaux » et des primes aux jeunes médecins qui accepteraient de venir s’installer chez elles.

Une solution qui peut payer, à court terme au moins, mais qui ne résout pas réellement le problème. Des mesures d’incitation ont également été mises en places par le gouvernement, avec un succès très mitigé. Des amendements pour limiter la liberté d’installation des médecins ont même été proposés récemment par des députés PS et LR. Aucun n’a été accepté, pourtant pour le Dr Laine, c’est peut-être là la solution : « Si on imposait à un jeune médecin dont les études ont été payées par le contribuable de venir boucher les trous, ne serait-ce que pendant un an, une grande partie des problèmes serait réglée ».