Comment concilier cancer et travail ? Chaque jour, ce sont 400 salariés diagnostiqués pour un cancer qui se posent la question, souligne l’association Cancer@work, qui s’est donnée pour mission d’aider les entreprises à maintenir leurs employés malades dans l’emploi et améliorer leur qualité de vie au travail.
Car aujourd’hui, le cancer est une réalité du monde du travail. La 2ème édition du baromètre Cancer@work montre en effet que 4 salariés de moyennes et petites entreprises sur 10 connaissent au moins un employé touché par la maladie. Une proportion qui grimpe à près de 6 sur 10 dans les grands groupes.
Une présence de plus en plus importante dans les sociétés qui a fait évoluer les mentalités. En 2016, 55 % des actifs estiment qu’il est difficile de parler de cancer en entreprise contre 75 % 3 ans plus tôt. Un sujet nettement moins tabou qui a permis à 70 % des personnes touchées par la maladie d’en parler à leurs collègues et hiérarchie. Les actifs atteints de cancer confient avoir été soutenus par leur entourage professionnel immédiat (67 % de la part de leurs collègues et 43 % par leur hiérarchie), mais ils regrettent dans le même temps que les ressources humaines et les représentants du personnel aient été peu présents.
Un accompagnement à améliorer
De fait, il apparaît que des barrières persistent dans l’entreprise alors que les actifs affectés par la maladie sont demandeurs d’un accompagnement. Plus de la moitié déplore en effet l’absence d’aménagement du travail à l’annonce de la maladie et la pauvre communication autour des dispositifs prévus par la loi. Résultat : près d’un sur deux n’a pas bénéficié d’une visite de pré-reprise et un tiers n’ont pas bénéficié d’aide au retour. Ils sont alors plus d’un quart à avoir le sentiment de ne pas retrouver leur place dans leur équipe.
Et pourtant, la majorité des salariés interrogés estiment qu’ils ont encore beaucoup à offrir à leur entreprise malgré la maladie, notamment s’ils sont soutenus. Pour près de trois-quarts des actifs, mieux accompagner les employés malades accroît la confiance, l’engagement et la cohésion des collaborateurs. Les employés ayant été malades sont également nombreux à penser que le cancer n’a pas seulement été une épreuve mais une opportunité. Ils estiment ainsi qu’ils arrivent à prendre plus de recul et ont une meilleure définition des priorités qu’avant. Près de 30 % d’entre eux avouent aussi avoir évolué humainement et se sentent plus bienveillants, empathiques et solidaires.
Autant de qualités et atouts qui doivent être mis en lumière et exploités, insiste l’association Cancer@work. Pour sa fondatrice, Anne-Sophie Tuszynski, ancienne malade, « le cancer ne doit plus être vu comme un coût pour l’entreprise mais comme une opportunité de développer l’innovation sociale et sociétale, et créer de la richesse pour tous ».