La question est subtile et mériterait probablement d’être traitée avec finesse par des experts de l’autisme. A défaut, ce sera au Parlement qu’elle pourrait être tranchée, en pleine élection présidentielle et alors que l’actuel mandat touche à sa fin.
Faut-il voir une manœuvre politique derrière la dernière résolution de loi signée par une centaine de députés pour « condamner et interdire les pratiques psychanalytiques sous toutes leurs formes » dans la prise en charge de l'autisme. Le texte est porté par Les Républicains et plébiscité par des personnalités politiques comme Laurent Wauquiez, Bernard Debré, Bernard Accoyer, Nathalie Kosciusko-Morizet mais aussi Thomas Thevenoud (ex-PS).
Responsabilité pénale
Les députés demandent que seules les thérapies et les programmes éducatifs conformes aux recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) soient pris en charge par la collectivité. Ils estiment que le gouvernement doit engager la « responsabilité pénale des professionnels de santé qui s'opposent aux avancées scientifiques et commettent des erreurs médicales en matière d'autisme ».
Si le texte n'a pas la valeur contraignante d'une loi, il tente de convaincre le gouvernement de mettre entre place une meilleure prise en charge des autistes et propose de « réallouer en totalité les financements » aux « approches validées scientifiquement et ayant fait preuve de leur efficacité » au détriment de celles qui ne sont pas recommandées - en l'occurrence la psychanalyse.
« Liberticide »
Sans surprise, la résolution de loi a provoqué la colère des psychanalystes, alors que le débat sur l’apport de la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme reste entier. L'Inter-Associatif Européen de Psychanalyse, qui réunit 12 associations, a dénoncé une proposition « liberticide », « diffamatoire et calomnieuse ».
Cette proposition serait « préjudiciable à la majorité des sujets autistes », ajoutent ces psychanalystes, outrés par les menaces sur le plan économique et pénal.
Le collectif des 39, qui représente des professionnels et plusieurs associations de patients, réclame de son côté le retrait des recommandations de la HAS et appelle à signer la pétition sur change.org -approuvée notamment par des psychiatres d'enfants- contre la « science d'état ».