L’annonce est tombée comme un couperet aux Etats-Unis. L’espérance de vie a baissé pour la première fois depuis 1993. Ce constat alarmant émane des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). Ils publient, ce 8 décembre, un rapport sur la mortalité dans le pays. Elle a progressé de manière significative. La faute revient, en grande partie, à la hausse des décès par maladies cardiovasculaires, AVC ou encore diabète.
Un recul du cancer
Les Américains nés en 2015 peuvent espérer vivre un mois de moins que leurs congénères nés en 2014. Ce recul s’explique par la hausse du taux de mortalité, qui progresse de 1,2 %. « C’est inhabituel, et nous ne savons pas ce qu’il s’est passé », concède dans le Washington Post Jiaquan Xu, qui a mené les recherches.
De fait, les différents chiffres détaillés dans le rapport n’ont rien d’anormal à première vue. L’espérance de vie à 65 ans n’a pas évolué : un senior peut espérer encore vivre 19 ans en moyenne. Les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes et la mortalité par cancer a même légèrement reculé. Les 10 principales causes de décès restent les mêmes, les maladies cardiovasculaires en tête. Mais celles-ci tuent plus que d’habitude, tout comme les AVC, le diabète et les overdoses tuent plus que d’habitude. La maladie d’Alzheimer connaît aussi un bond.
Une première baisse en 2008
Tom Frieden, directeur des CDC, attribue ce phénomène à l’obésité. « Nous observons les ramifications de la hausse de l’obésité. Nous le voyons dans la hausse des maladies cardiovasculaires », explique-t-il au Washington Post.
La surprise outre-Atlantique n’est pas feinte. Pourtant, un rapport similaire publié en 2010 laissait entrevoir les dégâts de l’obésité dans le pays. L’analyse des données de 2008 a montré un recul d’un mois de l’espérance de vie. Cette fois encore, la surcharge pondérale était considérée comme le principal facteur de cette diminution. Elle serait responsable d’un cinquième à un tiers du recul.
Une tendance similaire a émergé en France. L’Institut national des études démographiques (Ined) a souligné qu’en 2015, l’espérance de vie a régressé de 0,3 ans. Grippe, canicule et vague de froid ont été mises en cause. Mais comme le soulignait à l’époque Gilles Pison, auteur de l’étude, les baby-boomers « sont en train de devenir des papy-boomers et arrivent aux âges où l’on meurt, ce qui va gonfler le nombre annuel de décès, même si la durée de vie continue de s’allonger. »