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Asthme, bronchiolite, BPCO

Pollution : les médecins font face à un afflux de malades

Par Bruno Martrette

Alors que le pic de pollution devrait durer encore quelques jours dans six régions, les médecins s'inquiètent. Les salles d'attente ne désemplissent pas. 

DURAND FLORENCE/SIPA

Inédit par sa durée et son intensité, l’épisode de pollution de l’air aux particules fines est appelé à se poursuivre dans les prochains jours, annonce le ministère de la Santé ce jeudi. Marisol Touraine appelle donc à la vigilance et rappelle les recommandations pour protéger sa santé.

Des conseils sans doute utiles mais qui n'ont pas suffi à protéger tout le monde. D'après les médecins, les premières victimes de la pollution affluent en masse. Dans les cabinets médicaux des praticiens de ville pour commencer, comme le confirme à Pourquoidocteur le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, généraliste à Lyon (3e arrondissement). « On constate bien la pollution. Elle est visible par la fenêtre avec le brouillard, mais surtout dans nos salles d'attente. Au niveau pathologies, on voit défiler tous les nourrissons avec des recrudescences de bronchiolites, les enfants avec de l'asthme, et les adultes avec des poussées d'asthme et de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ».

Ecoutez...
Dr Marcel Garrigou-Grandchamp, généraliste à Lyon : « Les particules fines de diesel sont là toute l'année. Et leurs effets néfastes se constatent depuis des années... »

 

Des hospitaliers inquiets

Même son de cloche du côté du Pr Bruno Housset, chef du service de pneumologie, à l'hôpital de Créteil (Val-de-Marne) : « Depuis quelques jours, de nombreux médecins généralistes me racontent qu'ils voient augmenter les demandes de consultations en urgence pour des pathologies liées à la pollution. J'ai les mêmes retours dans certaines urgences hospitalières », ajoute-t-il.

Et sur ce dernier point, le Dr Christophe Prudhomme confirme. Urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny (Seine-Saint-Denis), il décrit la situation suivante : « Les malades atteints de maladies pulmonaires souffrent pendant ces pics de pollution. Ils consultent plus fréquemment et nécessitent parfois une hospitalisation ». Il décrit la période d'activité aux urgences et au SAMU comme « dense avec l'impression chez les soignants d'une augmentation des hospitalisations de ces populations fragiles ». « On en a, c'est certain, plus comparé à ce qui se passe les autres années. Nous pourrons chiffrer cette augmentation lorsque nous ferons les premiers bilans », prévoit-il.

 

Les urgences pédiatriques sous tension 

Et ces bilans risquent de faire froid dans le dos. Des équipes de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) mènent depuis plusieurs années des travaux pour mieux connaître les conséquences sanitaires de la pollution. Les premiers résultats publiés ce jeudi ont notamment permis de modéliser la relation entre la quantité de particules ultrafines, PM2.5, dans l’air et le nombre de passages d’enfants pour asthme aux urgences pédiatriques. Ils montrent une augmentation potentielle de 50 % des diagnostics d’asthme entre 0 et 25 microgrammes/m3 de particules ultrafines PM2.5 dans l’air, avec un effet plateau au-delà.

L’équipe a par ailleurs évalué si le nombre de consultations pour asthme chez l’enfant avait augmenté à l’AP-HP ces 7 derniers jours, par rapport à la même période les cinq dernières années. Conclusion, elle observe avec prudence, une augmentation modérée des pathologies respiratoires pédiatriques. Entre le 30 novembre et le 7 décembre 2016, 2 045 petits patients ont consulté, contre 1 516 pour la même période, en 2015. Le Pr Bruno Housset, lui, se projette même plus loin. Et ses prévisions sont inquiétantes. « Ce pic de pollution va être à l'origine d'une morbidité importante. Avec une augmentation du nombre de décès. Il n'y a aucun doute », conclut-il.