Vous ne le sentez pas, vous ne le voyez pas, mais il est là. Bien présent. Ce tueur silencieux, c’est le monoxyde de carbone. Depuis le 1er septembre, il a tué trois personnes en France. 974 autres ont été hospitalisées. La saison froide démarre en fanfare pour ce gaz émis lors d’une combustion partielle.
Dans son dernier bilan, Santé publique France souligne que les incidents sont plus nombreux qu’à l’accoutumée. Les Français adoptent en effet de mauvaises habitudes. Les intoxications liées à l’usage intérieur de braseros, barbecues et groupes électrogènes sont bien trop fréquentes.
A l’heure actuelle, les personnes qui ont inhalé du monoxyde de carbone finissent dans deux types de services : les urgences ou les services de médecine hyperbare. Mais cela pourrait évoluer.
Une étude de l’université de Pittsburgh (Etats-Unis) montre en effet l’efficacité d’une molécule qui est capable d’éliminer ce gaz de l’organisme. Les travaux, menés sur la souris, sont parus dans Science Translational Medicine.
Une survie élevée
La molécule en question s’appelle la neuroglobine. Elle est présente naturellement dans le cerveau. Semblable à l’hémoglobine, elle piège le monoxyde de carbone avec une puissance 500 fois supérieure. Les chercheurs l’ont modifiée de manière à la rendre encore plus efficace. Le produit a ensuite été injecté à des souris intoxiquées au CO. La dose administrée est capable de tuer un être humain en quelques minutes. Et pourtant, 87 % des animaux ont survécu à cette exposition.
La neuroglobine agit comme l’hémoglobine face au gaz toxique. Elle le piège et le transporte. Mais les globules rouges ont pour rôle de faire le lien entre les poumons, le cœur et les organes. Cela explique l’asphyxie. La neuroglobine, elle, évacue le CO vers les urines. Les souris ont donc vu leur rythme cardiaque s’améliorer et leur pression artérielle baisser.
Autre avantage, la molécule a une préférence marquée pour le monoxyde de carbone. Elle sélectionne donc le composé le plus dangereux. Voilà qui soulève l’espoir d’un antidote à ce gaz. Les conséquences sanitaires sont actuellement difficiles à gérer. Mais les auteurs le rappellent : il n’est pas certain que l’ensemble des effets d’une intoxication soient résolus par ce système.