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Etude française

Cannabis : l'usage régulier provoque des troubles oculaires

Par Anne-Laure Lebrun

Les consommateurs réguliers de cannabis pourraient être confrontés à des troubles de la vision. La drogue modifierait le fonctionnement des cellules de la rétine. 

AsierRomeroCarballo/epictura

L’usage régulier du cannabis perturbe le fonctionnement de la rétine, suggère une étude française publiée dans le journal JAMA Ophtalmology. C’est la première fois que des chercheurs mettent en évidence un impact de la consommation de cette drogue sur les fonctions visuelles.

Cette conclusion préliminaire est issue des travaux menés par une équipe du Centre hospitalier universitaire de Nancy et du Centre Psychothérapique de Nancy (Meurthe-et-Moselle) intitulé Causa Map. Ce vaste programme de recherche s’intéresse aux effets du cannabis sur le cerveau humain, notamment sur la vision des consommateurs réguliers.


Une information transmise en retard

Pour mener leur étude, les chercheurs ont donc comparé la vision de 28 personnes consommant régulièrement du cannabis depuis un an (7 joints par semaine) à celle de 24 personnes non-fumeuses. Dans un premier temps, les participants ont été interrogés sur leur usage de stupéfiant et leur état de santé. Dans un second temps, ils ont été invités à passer un électrorétinogramme, un examen mesurant l’activité électrique de l’œil lorsqu’un signal lumineux lui est envoyé et qui permet de diagnostiquer certaines anomalies de la rétine.

La rétine est constituée de plusieurs couches de neurones permettant de transformer l'information lumineuse en message électrique envoyé au cerveau via le nerf optique. Ce dernier est formé par les cellules ganglionnaires de la rétine. Or, « les yeux d’un consommateur régulier de cannabis ont un important retard dans leur réponse à un signal lumineux », indiquent le Pr Raymund Schwan et les Drs Vincent Laprévote et Thomas Schwitzer, les responsables de ces travaux. Ils ont en effet observé un délai de 10 millisecondes entre les fumeurs et les non-fumeurs de cannabis.


Risques potentiels pour la conduite

Pour les chercheurs, ce résultat indique qu’il existe une altération de la communication entre les différentes cellules nerveuses composant la rétine, sous l’influence du cannabis. Et ce serait particulièrement les cellules ganglionnaires de la rétine qui seraient en cause.

« Une démonstration qui ouvre de nombreuses perspectives, puisque la vision est impliquée dans les actes de la vie quotidienne, et en particulier, dans la conduite automobile », soulignent les chercheurs qui vont poursuivre leurs explorations pour mieux comprendre les conséquences de ce retard sur l’ensemble de la fonction visuelle.

A ce titre, l’équipe rappelle que le programme est toujours à la recherche de participants fumeurs de cannabis et/ou de tabac ainsi que des non-fumeurs.