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Vigilance depuis 2014

Contraception Essure : les médecins ont dû modifier leurs pratiques

Par Audrey Vaugrente

La contraception définitive Essure fait l’objet d’une surveillance nationale depuis deux ans. Deux femmes ont décidé de mener une action en justice  pour des effets secondaires.

Uncredited/AP/SIPA

Des implants sous haute surveillance. La méthode de contraception définitive Essure va se retrouver devant la justice. Charles Joseph-Oudin défend deux patientes victimes de complications sévères. Elles sont imputées à ce dispositif médical qui obstrue les trompes de Fallope. Selon Le Parisien, qui révèle l’affaire, les femmes ont souffert de symptômes allant jusqu’à la dépression. 120 000 femmes ont choisi la méthode Essure depuis 2002, date de sa mise sur le marché. Le fabricant des implants, Bayer, est mis en cause. L’avocat parisien demande que les victimes soient indemnisées.

Une hausse des signalements

L’implant contraceptif est en fait sous haute surveillance depuis 2014. Plusieurs agences sanitaires ont déployé des mesures auprès des patientes et des gynécologues-obstétriciens. De fait, les signalements de matériovigilance sont en hausse. Ils sont passés de 42 pour l’année 2012 et 162 pour les trois premiers trimestres de 2016.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), contactée par Pourquoidocteur, précise que ces chiffres ne reflètent pas le nombre d’incidents survenus chaque année. « En 2016, plus d’un tiers des déclarations sont rétroactives », souligne l’Agence. Les remontées concernent surtout des difficultés survenues au moment de la pose. Mais douleurs abdominales ou pelviennes, saignements et grossesse peuvent aussi survenir.


Mais la hausse est réelle, et demande investigation. Ce que l’ANSM a fait dès juillet 2015. Plusieurs enquêtes concernant les effets indésirables sont lancées. Elles montrent que c'est la façon dont la pose est réalisée qui pose problème et pas le dispositif. Une autre étude compare la sécurité de la méthode Essure par rapport à une ligature des trompes classiques. Les résultats sont attendus pour le premier trimestre de l’année 2017.

Moins de professionnels habilités

Les autorités sanitaires ne se sont pas contentées d’évaluer l’ampleur du phénomène. Elles ont aussi demandé aux professionnels de santé de modifier leurs pratiques. Dès le mois de novembre 2015, la Haute Autorité de Santé (HAS) a élaboré des recommandations de bonne pratique, en lien avec les sociétés savantes. Quelques mois plus tard, c’est au tour de l’ANSM de réclamer des ajustements.

Le laboratoire Bayer doit mettre au point une notice à destination des patientes. Le gynécologue-obstétricien doit la remettre avant chaque pose. Le document détaille les risques associés au dispositif et la nécessité de réaliser une consultation de suivi au bout de trois mois. C’est chose faite.

L’Agence veut aussi restreindre le nombre de professionnels de santé habilités à utiliser la méthode Essure. Le ministère de la Santé suit cet avis : en février 2016, il publie un arrêté qui réduit les établissements autorisés à implanter. Une mesure censée réduire les signalements concernant des difficultés lors de la pose. Les documents, en revanche, ne disent rien des complications psychologiques pointées par Charles Joseph-Oudin.

Une contraception définitive et irréversible

La « méthode Essure » est un dispositif médical de stérilisation. Disponible en France depuis 2002, elle est définitive et surtout irréversible. L’implant mis au point par le laboratoire Bayer est posé par un gynécologue-obstétricien dans les trompes de Fallope. Ce corps étranger y provoque une fibrose qui finit par obstruer totalement cet organe reproducteur, au bout de trois mois environ. Une consultation permet de contrôler l’efficacité de cette intervention. Dans l’intervalle, les patientes doivent continuer de prendre une autre méthode de contraception.