L’épisode de pollution aux particules qui sévit depuis 10 jours semble se terminer. À Paris, Airparif annonce que l’alerte au pic de pollution est levée pour le weekend, à la faveur d’une amélioration due à une circulation moins dense, et à des conditions météorologiques favorables. Mais si ces périodes de pollution intense peuvent se révéler pénibles pour la population, qui en ressent directement les effets sur les voies respiratoires et l’état de forme général, il serait imprudent de croire que le reste du temps, les Français sont hors de danger.
C’est en effet l’exposition à la pollution quotidienne et dans la durée qui a l’impact le plus important sur la santé, les pics de pollution ayant un effet marginal, d’après Santé Publique France. Dans une étude effectuée sur plus de 36 000 communes, et en prenant pour référence les particules fines PM2,5, dont la concentration est très liée à une hausse de mortalité, l’agence de santé française estime que la pollution atmosphérique serait responsable de 48 000 décès par an.
Jusqu'à 15 mois de perte d'espérance de vie
Et les grandes villes ne sont pas les seules concernées. Les agglomérations de plus de 100 000 habitants sont les plus durement touchées, avec une perte d’espérance de vie moyenne de 15 mois. En tête, l’Ile-de-France et le bassin rhodanien. Mais dans les zones urbaines donc la population est comprise entre 2 000 et 100 000 habitants, elle est également de 10 mois. Même les zones rurales souffrent d’une perte de 9 mois d’espérance de vie. La pollution concerne tous les Français : 95 % de la population est exposée à des seuils qui excèdent les recommandations internationales.
La circulation automobile, le chauffage au bois, les usines, les centrales thermiques… Toutes participent à la diffusion de ces particules fines, qui nuisent à la santé des personnes les plus fragiles. Mais une étude réalisée par la Brigham Young University (Etats-Unis) et publiée dans Circulation Research a montré qu’elle touchait aussi les individus sains. En suivant des adultes âgés de 23 ans en moyenne, il ont observé des témoins sanguins de souffrance du système vasculaire. Ils ont alors révélé les dégâts infligés par la pollution aux vaisseaux sanguins.
« Nos résultats suggèrent que la vie en environnement pollué peut favoriser le développement d’hypertension artérielle et d’accident vasculaire cérébral de manière plus généralisée et ce à un stade plus précoce qu’on ne le pensait », souligne Aruni Bhatnagar, co-auteur de l’étude.
Les mesures de Ségolène Royal
En réaction au pic de pollution de ces derniers jours, Ségolène Royal a présenté ce matin, lors d’un conseil des ministres exceptionnel, des mesures qui seront prises pour faire face à la pollution. « C’est un problème pris au sérieux par le gouvernement, a-t-elle assuré. Ce qu'il faut maintenant, c'est la révolution du transport propre, des villes responsables, le transport électrique en ville, des modes de locomotion différents ».
L’électrique est mis en avant. Un superbonus sera accordé aux véhicules utilitaires et aux taxi. Cette prime de conversion s’élèvera à 10 000 euros, et une autre de 1 000 euros sera accordée pour l’achat d’un scooter électrique. Ségolène Royal prévoit aussi la gratuité des péages autoroutiers pour les véhicules électriques.
La ministre de l’Environnement a annoncé l’extension de la vignette de couleur, prévue à Paris à partir de 2017 et déjà rétablie à Grenoble. Elle permettra, en fonction du caractère polluant des véhicules, de constituer des zones de circulation restreinte.
Les bénéfices sanitaires des politiques d’intervention dans la lutte contre la pollution ont été quantifiés. Les conclusions de ces études montrent toutes leur impact en termes de santé publique. Modification de la composition des carburants, mise en place de péage urbain, pratique du vélo, réduction d’émissions industrielles.