Quatre tonnes de médicaments contrefaits ont été saisies à Yaoundé, la capitale camerounaise, au terme d’une opération coup de poing baptisée « Halte au commerce illicite » (HALCOMI), ont annoncé les autorités nationales.
La traque des médicaments contrefaits, qui représentent un risque sanitaire important, est menée par le ministère camerounais de la Santé et l’Ordre national des pharmaciens. Et pour cause : chaque année à travers le monde, on estime que les faux médicaments tuent près de 700 000 personnes. Les faux médicaments représentent, selon l’OMS, 15 % des produits de santé vendus sur la planète. De plus, un médicament sur deux disponible sur internet ne serait pas non plus certifié.
Antipaludéens
Selon l’IRD (Institut de Recherche et de Développement), la contrefaçon de médicaments au Cameroun, comme ailleurs, concerne tous les traitements, mais elle porte particulièrement sur les antibiotiques et les antiparasitaires, comme les antipaludéens. Dans le pays, la demande pour ce médicament est forte, l’offre, limitée, et le virus, endémique.
Un faux médicament est un produit sous-dosé ou bien tout simplement sans principe actif, qui peut également contenir des agents toxiques (ajoutés dans des laboratoires, parfois clandestins, où il n’existe ni suivi ni contrôle).
Comme le rappelle la fondation Chirac, qui a mené une campagne de sensibilisation en septembre 2015, l’Afrique figure parmi les zones les plus touchées, en raison du manque de structures permettant la régulation et le contrôle de la vente des médicaments. Mais en réalité, tous les pays sont exposés à ce trafic, qui germe grâce à Internet et à la multiplication des petites entreprises pharmaceutiques qui échappent à tout contrôle.
75 milliards en 2010
Le marché des médicaments contrefaits, en pleine expansion, est un commerce juteux. Les ventes ont atteint 75 milliards de dollars en 2010 dans le monde, soit presque deux fois plus qu’en 2005. Ce marché dépasserait ainsi celui de la drogue.
Sur le plan économique, les médicaments contrefaits ont un impact particulièrement élevé. Selon un rapport de l'Office de l'Union européenne pour la propriété intellectuelle (EUIPO), le manque à gagner pour l'industrie pharmaceutique légale s'élève à 10,2 milliards d'euros dans l'Union Européenne. Les médicaments contrefaits seraient également à l'origine de la perte de 38 000 emplois directs dans le secteur, dont 3 à 4 000 pour la France.