A mesure que les écrans ont envahi notre quotidien, ils ont paradoxalement tenu les jeunes à l’écart des drogues ! Tel est l’un des nombreux constats à tirer du nouvel ouvrage de synthèse sur les pratiques addictives des jeunes, publié ce mercredi par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Un document intitulé Jeunes et addictions, qui analyse en 208 pages les parcours de consommation des 12 millions de jeunes 11-25 ans et leurs incidences, et qui traite aussi bien les produits licites, illicites et les addictions sans produits (jeux vidéo, écrans, jeux d’argent et de hasard).
Première biture à 15 ans
Le document apprend ainsi que les jeunes ont tendance à faire leur première expérience de l'alcool, du tabac et du cannabis un plus tard qu’auparavant. Ainsi, par rapport à 2005, l’expérimentation démarre en moyenne huit mois plus tard pour le tabac et quatre mois plus tard pour le cannabis, ce qui est un écart « considérable », note la synthèse.
Aujourd'hui, la première ivresse survient à 15,2 ans, la première cigarette, à 14 ans et le premier joint, à 15,3 ans, détaille une étude de 2014 reprise dans la synthèse. Selon l'OFDT, l'un des facteurs de recul est le temps passé devant des écrans et sur internet.
« La génération née entre 2000 et 2005, qui a entre 11 et 16 ans aujourd'hui, passe beaucoup plus de temps connectée aux écrans que la précédente, ce qui est de nature à éloigner ces jeunes d'un certain nombre d'opportunités de consommer », explique François Beck, directeur de l’OFDT, cité par l’AFP. De fait, la part des jeunes qui vont quotidiennement sur internet a explosé en 12 ans, passant de 23 % en 2003 à 83 % en 2015, souligne le rapport.
Dénormalisation
Un autre facteur se rapporte au changement de comportement des parents, qui restent le modèle principal des jeunes adolescents jusqu'à 12-13 ans. Ces parents consomment moins d’alcool et de tabac que les générations précédentes, ce qui influe sur les perceptions des jeunes vis-à-vis de ces produits.
Dernier facteur : les politiques publiques de prévention, comme l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Selon l’OFDT, ce n’est tant l’efficacité de chaque mesure séparée qui est à l’origine de ce recul de l’âge d’expérimentation. Mais conjuguées les unes aux autres, elles ont contribué à modifier l’environnement des jeunes et à « dénormaliser » le tabac.
Parallèlement, les consommations ont baissé : la consommation d'alcool mensuelle des jeunes de 15 ans a chuté de 58 % en 2006 à 42 % en 2014, le tabagisme quotidien a baissé de 18 % en 2006 à 15 % en 2014, l’expérimentation de cannabis à 15 ans étant pour sa part restée stable à 28 % entre 2006 et 2014.