C’est une première en France qui fait couler beaucoup d’encre. Le tribunal de grande instance de Grasse (Alpes-Maritimes) a autorisé un couple à conserver le sang du cordon ombilical de son enfant à naître à d'éventuelles fins thérapeutiques.
Si congeler ces quelques millilitres de sang placentaire n’est pas une nouveauté en France, les raisons et motivations du couple à le réclamer sont quant à elles inédites. Ces derniers ont, en effet, des antécédents familiaux très lourds avec des cas de cancers foudroyants et de maladies chroniques. Ils espèrent pouvoir sauver leur enfant grâce à ces cellules si une maladie se déclarait.
Une conservation à titre personnel qui déroge à toutes les règles du don d’organe et de tissu en France. Pour les conserver, les parents devront donc faire appel à une société privée britannique. Une pratique qui est pourtant « illégale et est punie par le code pénal », souligne l’Agence de la biomédecine sur son site internet.
Le pari est également risqué. Les parents sont persuadés que les avancées de la science permettront de réparer les organes touchés grâce à ce sang riche en cellules souches. Qu’en est-il aujourd’hui ? A quoi sert le sang de cordon ombilical ? Pourquoidocteur fait le point.
Un don qui peut sauver des vies
Quelques mois avant l’accouchement, les mères sont informées de la possibilité de donner le cordon ombilical par consentement écrit. Le jour J, le cordon ombilical est alors prélevé et fait l’objet d’analyses dans le but d’un prélèvement du sang pour recueillir les cellules souches hématopoïétiques. Mais les critères sont sévères : sur 100 prélèvements, 30 seulement seront utilisés.
La greffe du sang placentaire peut guérir près de 80 maladies du sang comme des cancers (leucémies, lymphomes) ou la drépanocytose. Elle représente une solution alternative pour les malades qui n’ont pas trouvé de donneur de moelle osseuse compatible : un malade en attente d’une greffe de moelle osseuse a une chance sur un million de trouver un donneur. Cette source complémentaire a permis 200 greffes de plus en moyenne chaque année.
Solidaire et anonyme
En 2013, l’Agence de la biomédecine a annoncé que plus de 30 000 unités de sang de cordon étaient aujourd’hui conservées dans les 5 banques et 27 maternités du Réseau français du sang placentaire.
Tous ces dons sont anonymes et gratuits. Ces prélèvements peuvent être utilisés pour traiter des patients français ou du monde entier. « La conservation de sang placentaire n’est autorisée en France que pour soigner d’autres patients, de façon anonyme et gratuite, dans des banques autorisées à conserver ces préparations de thérapie cellulaire », rappelle l’Agence de la biomédecine sur son site internet.
Dans quelques cas très rares, ce don peut être utilisé dans la fratrie pour soigner un frère ou une sœur atteint d’une maladie grave. Le petit Umut-Talha, né en 2011, est le premier « bébé médicament », aussi surnommé « bébé du double espoir », à voir le jour en France pour guérir sa grande soeur atteinte de bêta-thalassémie. Un cas inédit rendu possible par la loi de bioéthique qui stipule que « par dérogation, le don peut être dédié à l'enfant né ou aux frères ou sœurs de cet enfant en cas de nécessité thérapeutique avérée et dûment justifiée lors du prélèvement ».
En revanche, pour la conservation à titre personnel, l’Agence de la biomédecine souligne que « le bénéfice pour l’enfant d’un recours à ce type de greffe n’est pas avéré scientifiquement ». En effet, « aucune étude ne démontre à ce jour l’efficacité thérapeutique des greffes effectuées à partir de son propre sang de cordon ».