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Conventionnement des médecins

Présidentielle : Benoît Hamon au secours des déserts médicaux

Par Audrey Vaugrente

Afin de lutter contre les déserts médicaux, Benoît Hamon propose de ne pas accorder de conventionnement aux médecins qui s’installent en zone surdotée.

MATHIEU PATTIER/SIPA

L’offre est pour le moins audacieuse. Pour remédier au problème des déserts médicaux, Benoît Hamon souhaite soumettre le conventionnement à conditions. Le candidat aux primaires de La Belle Alliance Populaire a présenté ce 12 décembre le volet santé de son projet. Prévention et équilibre sont au cœur de ses propositions. Mais il veut aussi trouver une solution durable à la désertification des professionnels de santé dans certaines zones. Et ainsi résoudre le fossé dans l’accès aux soins.

Jusqu’ici, seule l’UDI avait tenté de revenir sur le conventionnement des médecins avec l’Assurance maladie. Ce texte régit les rapports des deux intervenants. Il fixe notamment les honoraires et ouvre le droit au remboursement pour les patients. Les professionnels de santé, eux, sont libres d’ouvrir leur cabinet où ils veulent. Même Marisol Touraine, dont les rapports avec les médecins sont pourtant tendus, n’a pas souhaité revenir sur le principe de la liberté d'installation.

Faciliter l’accès aux soins

Sur le papier, Benoît Hamon compte respecter cette liberté. « Mais si (les médecins) s’installent dans des zones surdotées, ils ne pourront pas être conventionnés par l’Assurance maladie », a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. En clair, leurs patients ne seront plus remboursés.
Une façon d'inciter fortement les médecins à se diriger vers les zones « sous-dotées ». Mais le député des Yvelines a aussi recours à la carotte. Les professionnels qui pratiquent en désert médical profiteraient d’aides à l’installation.

L’accessibilité est définitivement au cœur du projet présidentiel de Benoît Hamon. Il envisage la création de missions nationales d’accès aux soins par l’intermédiaire des Agences Régionales de Santé (ARS), avec un budget associé.
Mais ça n’est pas tout : il plaide en faveur d’une ouverture simplifiée des maisons de santé pluridisciplinaires, et de la création du statut de médecin généraliste ville/hôpital. Autant de méthodes qui visent à rendre l’activité libérale plus rentable, mais aussi plus souple.

Améliorer les soins dentaires

Les patients ont aussi leur place dans le programme du député des Yvelines. L’ancien ministre de l’Education nationale veut développer la prévention. Perturbateurs endocriniens, reconnaissance du burn-out, développement du sport en entreprise… Ses chevaux de bataille sont nombreux. Dans la lignée de Valérie Fourneyron, ancienne ministre des Sports, il porte un essor du sport santé sur ordonnance, qui serait pris en charge par l’Assurance maladie.

Celle-ci risque d’être soumise à une rude pression financière. Car le candidat aux primaires de la gauche veut aussi améliorer les remboursements. « Dans le domaine des soins dentaires, la Sécurité sociale ne doit pas faire moins, elle doit faire mieux », a-t-il martelé sur Europe 1. Il s’attaque ainsi au nerf de la guerre.

Les médicaments innovants devraient aussi être mieux couverts. Mais comment financer ces évolutions ? Benoît Hamon ne veut pas indexer la politique de santé sur l’équilibre des comptes de la Sécu. Il faudra pourtant trouver une solution pérenne. D’autant que l’Assurance maladie connaît encore un déficit de 4 millions d’euros. Le député n’a pas livré les détails de sa pensée, mais suggère d’abolir les allègements de cotisations maladies. Une faille non négligeable dans un programme pourtant solide.