D’abord absente du débat politique, la santé est l’invitée surprise de l’élection présidentielle 2017. Quel est l’avenir de la Sécurité sociale ? C’est la question que tous les candidats se posent. Les propositions vont du statu quo à un bouleversement de la philosophie du système sanitaire français. Les acteurs du monde de la santé s’invitent eux aussi dans les échanges. Le Collectif pour la Sécurité sociale, qui regroupe des médecins, des personnels soignants, des économistes, des philosophes, a posté, ce 12 décembre, une pétition sur la plateforme Change.org. Les premiers signataires s’accordent sur un point : le mode de prise en charge actuel doit être pérennisé.
L’efficacité au cœur des demandes
L’Assurance maladie est le « moyen le plus juste et le plus efficient pour un système de santé solidaire », affirment les pétitionnaires. Ils plaident en faveur d’un remboursement indifférencié des pathologies les plus graves, de longue durée… mais aussi des soins courants. Le fameux rhume, pris en exemple par le candidat de la droite et du centre François Fillon, ne doit pas être remis en cause. La place de la prévention dans les dispositifs appelle aussi à se développer. Une suggestion proche de celle de Benoît Hamon, candidat aux primaires de La Belle Alliance Populaire.
Une seule exigence ressort de la pétition : celle de l’efficacité des médicaments pris en charge. C’est, en effet, un problème récurrent. Récemment, plusieurs traitements ont vu leur remboursement remis en cause. La faute à un manque d’efficacité. Ce domaine représente, selon les signataires, une source d’économie non négligeable. C’est sans doute ce qui a motivé la fin du remboursement de molécules telles que les anti-arthrosiques d’action lente ou encore des traitements des troubles anxieux par les plantes.
Limiter les hospitalisations
Les molécules et dispositifs médicaux innovants, dont l’efficacité ne laisse aucun doute cette fois, pèsent également lourd sur les comptes de la Sécu. Nouveaux anticancéreux, traitements de l’hépatite C, la prescription médicamenteuse n’est pas le seul angle d’attaque que proposent les pétitionnaires. Ils demandent aussi que les hospitalisations se limitent aux nécessités absolues. Ce poste représente 20 % des dépenses, selon eux.
Les candidats à la présidentielle feraient bien de s’intéresser à cette liste de réclamations, car tous sont visés par la pétition. François Fillon avance la régulation de l’Assurance maladie et des organismes complémentaires. Il se défend, dans Le Figaro, de toute privatisation du système. Ce sont pourtant ses propositions qui ont soulevé le plus d’inquiétudes. « La sécurité sociale, un des piliers de notre société, est menacée », estime ainsi Bernard Granger, psychiatre à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). C’est aussi l’avis de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, qui a étrillé le candidat de la droite et du centre en trois tweets acerbes.
.@FrancoisFillon Je viens de lire votre texte. Non seulement vous ne renoncez pas à votre projet de déremboursement du "petit risque" 1/3
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 12 décembre 2016
dans quel but, sinon leur confier des remboursements que vous retirez à l'assurance maladie ? Les Français peuvent être inquiets. 3/3
— Marisol Touraine (@MarisolTouraine) 12 décembre 2016
François Fillon contre-attaque
Le candidat de la droite et du centre prend la plume pour défendre son projet présidentiel. Dans une tribune publiée dans Le Figaro, François Fillon affirme ne pas vouloir privatiser l'Assurance maladie mais responsabiliser ses usagers. Retour sur le tiers-payant généralisé, meilleur remboursement des soins optiques et dentaires... La liste des propositions est longue. Mais surtout bien différente de celles soumises dans l'espace public jusqu'ici. Ses porte-paroles ont récemment suggéré une prise en charge différenciée des « petits » et des « gros » risques. L'ancien Premier ministre réaffirme, quant à lui, « le principe d'universalité dans l'esprit des ordonnances de 1945. »
De plus, le candidat attaque la politique sanitaire du quinquennat de François Hollande et égratigne, au passage, Marisol Touraine. « La gauche préfère oublier que le poids des mutuelles et des assurances personnelles n'a cessé d'augmenter depuis des décennies, y compris dans le cadre des réformes qu'elle a elle-même votées », pointe-t-il. Pour équilibrer le système, il suggère la création d'une agence de régulation et de contrôle.